samedi 31 mars 2007

Présence humaine



Nous marchons dans la ville nous croisons des regards
Et ceci défini notre présence humaine
Dans le calme absolu de la fin de semaine
Nous marchons lentement aux abords de la gare

Nos vêtements trop larges abritent des chairs grises
A peu près immobiles dans la fin de journée
Notre âme minuscule à demi condamnée
S'agite entre les plis et puis s'immobilise

Les hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

Nous avons existé telle est notre légende
Certains de nos désirs ont construit cette ville
Nous avons combattu des puissances hostiles
Puis nos bras amaigris ont lâché les commandes

Et nous avons flotté loin de tous les possibles
La vie s'est refroidie la vie nous a laissé
Nous contemplons nos corps à demi effacés
Dans le silence émerge quelques data sensibles

Mes hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

Nous sommes réunis nos derniers mots s'éteignent
La mer a disparu
Une dernière fois quelques amants s'étreignent
Le paysage est nu

Au dessus de nos corps glissent les ondes hertziennes
Elles font le tour du monde nos corps sont presque froids
Il faut que la mort vienne la mort douce et profonde
Bientôt les êtres humains s’enfuiront hors du monde

Alors s'établira le dialogue des machines
Et l'informationnel remplira triomphant
Le cadavre vidé de la structure divine
Puis il fonctionnera jusqu'à la fin des temps

Mes hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

(Michel Houellebecq - Présence humaine - 2000)


Quoi ? Vous ne connaissez pas « Présence humaine », l’album de Michel Houellebecq ? Une chose est sûre, si vous le découvrez maintenant (il date tout de même de 2000), vous n’y resterez pas indifférent. Il peut traverser votre salon sans avoir traversé votre esprit ou vous hanter à long terme…
Pour vous rassurer, il a été pas mal descendu par les critiques, qui ont dit en gros, pour résumer : « c’est de la merde, faut être con pour écouter ça, Houellebecq ne sait pas chanter (sans blague, c’était dur à imaginer…), c’est facile, inintéressant, monotone, mou, réservé aux habitants de Saint Germain », j’en passe et des plus fines…
Qu'ils se branlent sur Gotan Project...

Bon, on parle un peu du disque? Apparemment Houellebecq est parti dans ce projet parce qu’il était déçu que tout le monde se branle de la poésie. Il s’est dit : « Tiens, je vais faire un disque rock avec des poèmes, histoire d’essayer d’intéresser un peu à tout ça...» Ce à quoi il ajouta sous la pression de Burgalat : «Je vais même m’entourer d’une bonne équipe et tourner sur les plages, le midi. » Dingue non? surtout que j'y étais pas...
Bertrand Burgalat produit le disque, joue, et on retrouve avec lui les membres d’Eiffel et Peter Von Poehl. Guitares électriques wha-wha , basse bien ronde, batterie, orgue hammond, ça sonne un peu rétro, tourne assez psychés et laisse la part belle aux mots. Le textes sont des extraits des recueils de poésie de Houellebecq, déclamés en sorte de talk-over, cher à Gainsbarre. Il y parle d’une voix désabusée de séjours balnéaires, de paninis saumons, de masturbation, de mots fléchés, de solitude, des pics de pollution…


Pour les braves personnes qui vont encore me dire que c’est pas très gai, avec Houellebecq vous vous en doutiez un peu quand même non ? A ceux-là je conseille chaudement la Compagnie Créole, car c’est bon pour le moral. Ou encore Henri Salvador qui n'en fini pas de mourir...

Ce disque est un peu un ovni. Tout ce qui ne peut pas être mis dans une case dérange, ou fascine. Choisis ton camp camarade…

et puis pour finir, je vais vous dire un truc tout simple : pour moi, un type qui se prend comme ça en photo tout seul et balance sans commentaires sur son blog ne peut pas être foncièrement mauvais…
A visiter! http://web.mac.com/michelhouellebecq/iWeb/Site/Blog/Blog.html


Michel Houellebecq – Présence humaine – 2000 Tricatel

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello. And Bye.