samedi 31 octobre 2020

E viva la dolce vita..!



Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien, et par des fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Il fallut quêter pour enterrer Béla Bartók.
Pour toi, je n’en sais rien Jacquot, ni où et quand ton cœur frappa sa dernière pulsation. Au fin fond d’un lit colombien, les ventricules usés par la lassitude et l’ennui..? Sous les néons blafards d’un dispensaire, dans un dernier soubresaut, vainement stimulé par une perfusion inopérante..?
En fait, je m’en fous. Car je te sais débarrassé de ce temps qui pesait sur tes épaules et t’engonçait dans ton costume de chair. De cette vieillesse qui te diminuait et te faisait horreur, toi le fort en gueule, le tronçonneur de platanes, le testeur d’échelle de cordes, le baroudeur.
Tu es le premier à laisser vacante ta chaise à l’Union du Steak Libre, logique respectée, puisque tu en étais le doyen. Ce fut d’ailleurs la seule à être respectée, en ces vendredis midi exaltés, lorsque sous l’emprise des polyphénols et du courroux déclenché par un quelconque ministre, volaient les noms d’oiseaux et les postillons franchissant la barrière de tes bacchantes, encore témouines de l’engloutissement de la dernière part de tropézienne.
Tu nous laisses un peu flottants, et même si tu étais loin, ça fait comme un trou dans la poitrine. Alors pour combler cet espace, je vais basculer le bras de la platine sur le vinyle de Paolo Conte que tu avais apporté dans tes bagages quand maman est partie et que tu es venu t’installer à la maison pour nous aider à remplir le vide, un vide que tu laisses à ton tour aujourd’hui.

E Viva la dolce vita, le belle ragazze e inferno..!