mercredi 28 septembre 2011

Le Témoin




Je devrais peut-être te voir comme un concurrent, un rival, un compétiteur carnassier, mais je te sens plutôt comme un partenaire, un type à qui j’aurais passé le témoin, un compagnon d’infortune, à qui une fois le devoir accompli et les membres fourbus j’aurais tendu les rames. Je n’ai aucun conseil à te donner, je ne te souhaite qu’une chose, prouver que tout cela n’est qu’un malentendu, que je n’ai pas pagayé dans le bon sens, et que le sac de nœud dont tu viens d’hériter n’est point inextricable.

mercredi 27 juillet 2011

Le reste du monde... et moi.


Et moi, minable que je suis, présomptueux impétueux, je pensais que ce serait nous deux contre le reste du monde s'il le fallait. Il ne me reste plus que ta nuque silencieuse et vos rires d'allégresse. Il faut croire que c'est beaucoup plus que ce que j'avais à te proposer.

Alors je vais descendre un peu plus au fond encore, bien après la bile et les intestins, là où les poumons se compressent encore, où l'on cherche le second souffle qui ne vient jamais.

T'inquiètes pas,
je laisse une petite fenêtre ouverte.

Pour vomir.

mardi 5 juillet 2011

La Question...

Après un petit serrage de main rapide, feignant de mon pas engagé une hypothétique tâche à accomplir dans un futur tout proche, il a tout de même trouvé le temps de me la décocher. Comme un poignard qui vous rappelle bien qu'on est tous embarqués sur le même bateau, et qu'il est impossible de s'échapper d'ici sans passer l'arme à gauche.

- "Et alors toi, qu'est-ce que tu deviens..?"

Franchement, elle est pas bonne la question..? Tu la sens la terre s'ouvrir sous tes pieds..? Et la boule à l'estomac qui frappe le bumper..?
Que puis-je te répondre..? Tu veux vraiment un bref résumé des vingt dernières piges, comme ça au débotté, en vingt secondes..? Un statut social, un nombre d'enfant..? Ma fonction principale dans cette fourmilière géante où l'on court vite et loin afin d'essayer de semer la peur de la mort..?

Alors heureusement, pour me sauver, j'entends une petite voix, Simon Polaris me souffle : "J'attrape des mouches..!" Mais à tous les coups tu ne vas pas me croire. Pourtant à force d'entrainement je suis imbattable.


Tiens, tu sais, un des trucs que je fais cette année..? Non, mais sérieusement, pas comme boulot, comme hobby. Un truc des plus absurdes. Tu vas rire. J'écris un quatrain en alexandrins tous les soirs. Comme ça, pour la flambe, gratuitement, sans rien au bout, c'est même pas un devoir à rendre. Pas de glorioles, pas d'arrangements, pas même d'oseille, juste une petite histoire entre moi et moi. Et bien tu sais quoi, il y a des soirs où ça va tout seul, d'autre où je me maudis pour m'être accroché ce boulet au pied. Les rimes c'est même plus à la mode. Bon, je ne te parlerai pas de ce que je peux ressentir quand je fixe le point final, surtout après une longue bataille, je sens que je vais passer pour un original, rien de pire. Et bien tu vois si ce soir je suis en manque d'inspiration, j'essaierai de traduire par des mots le sentiment qui m'a pénétré quand tu es monté dans ta voiture flambante, celle qu'il faut revendre au bout d'un an maximum sinon après tu comprends on perd trop d'argent. Tu dois être numéro 4 ou 5, si la crise reste contenue et les flux point trop capricieux, d'ici quelques années tu peux espérer monter sur le podium. Il n'y a pas de dossards pour tout le monde, je te laisse le mien. Je suis peut-être un anonyme qui s'accroche aux branches, un doux rêveur, un utopiste, un écorché, un parasite, un moins que rien. Seulement tu ne vaux pas plus cher que moi. Tu sais ce que j'ai fait ce week-end, pendant que tu briquais ta caisse devant ton pavillon..? Un autre truc inutile. J'ai tiré quelque chose du néant. J'ai écrit une nouvelle chanson. Je ne suis pas sûr qu'elle te plaira. Mais elle a le mérite d'exister. Tiens va, elle est pour toi. Cadeau. Je suis désolé, ça va probablement te sembler un peu confus, il n'y a pas de règles préétablie pour encadrer toutes les libertés. Ici, je fais ce qui me passe par la tête. Sans entraves, sans consignes, sans obligations, sans conseils, sans gabarit. Sans bouger et manger léger. Sans modérations. Sans filet.

->> Polaris - Il parait

mardi 24 mai 2011

Fermé le dimanche.

















Six jours pour avoir, un jour pour être.

mercredi 20 avril 2011

La Disparition



Nous étions là, en équilibre sur le fil du temps, tous sur nos gardes, avec cette once de bon sens qui nous a toujours caractérisés, soudés comme des fractures anciennes, et pourtant chacun dans notre périmètre de sécurité. Aucun de nous n’a bougé. Aucun de nous n’aurait osé bouger en premier. Non, aucun de nous n’aurait pris le risque de vaciller sur son socle alors que l’on pouvait s’en tirer pour moindre mal.

Peut-être est-ce notre immobilité qui nous a perdu, de toute manière je ne pense pas que je trouverai un jour une explication plus rationnelle à cette prévisible extinction de notre espèce. Ce que je sais en revanche, c’est que nous aurons été irréprochables d’obséquiosité. Rien de nous n’a dépassé dans le couloir, ce boyau impersonnel mais absolument nécessaire à nos ramifications, à notre condition. Personne n’a opté pour un franchissement de la distance limite, de cette étendue critique, personne même n’y aurait songé l’ombre d’un instant. Oui, nous avons été, sur ce point également, parfaitement analogues.

Mettre toutes les chances de notre côté, assurer, jouer la carte de la prudence, gérer, digérer, prévoir, temporiser, prendre les choses calmement, mesurer, avoir de la patience, faire des efforts, persévérer. Nos existences étaient réglées comme des horloges atomiques, les crans parfaitement policés, la bascule accordée au diapason. Nous tenions nos espaces vitaux précisément alignés, eux-mêmes parfaitement centrés dans nos interstices siamois, car c’était dans l’ordre des choses.
Pas le moindre grain de sable n’est venu s’immiscer dans les rouages de nos principes immémoriaux, les coffres-forts de nos essences seront restés vierges à toute intrusion jusqu’au jour ultime de notre disparition. Aurions-nous pu douter de la succession ultérieure des évènements lorsqu’ont été étudiées, arbitrées, puis finalement tranchées les couleurs, puis les formes, pour en définitive concourir à l’élision même des sons ?

Il est trop tard à présent pour se poser ce genre de question, car il est totalement impossible d’opérer une quelconque marche arrière, la balle étant depuis trop longtemps engagée dans la chambre. La chambre étant depuis trop longtemps distribuée par ce couloir délimiteur. Ce même couloir faisant office à la fois de gardien pour notre sérénité, mais également de bourreau pour nos appétits les plus féroces. Il m’est difficile aujourd’hui, dans mon analyse pourtant froidement mathématique, de concevoir que notre acceptation du confort en tout premier accommodement raisonnable fut paradoxalement le déclencheur de notre épuisement programmé.
Lutter n’a non seulement jamais été envisagé, mais encore moins envisageable, car il aurait fallu pour que cela nous semble une alternative concevable nous trouver dans des dispositions propices à une certaine prise de recul, une largeur d’esprit qui n’était même plus présente dans nos souvenirs les plus séculaires. Nous nous habituions même à notre ensevelissement progressif, puisque chaque pelleté quotidienne n’était finalement qu’une infime poignée de terre, qui, pensait-on, s’effacerait sous le poids de l’érosion courante.

Quoiqu’il en soit, et quelle que fut la teneur de cet épilogue, aucun de nous n’aurait pu imaginer, à l’époque, la tragique importance de notre geste, le jour où, par facilité et convenance, nous avions intégré, un par un, le lotissement.

Ce texte a été écrit pour le premier numéro de la jolie revue "Criez",
sur laquelle vous pouvez trouver de plus amples informations ici :
http://assocriez.blogspot.com

dimanche 10 avril 2011

Zéro













Quoi de plus logique que d'être à acheter quand on est le plus gros des vendus.

mercredi 30 mars 2011

Love & sorry










Ce n'est pas la première fois que je me trompe.
Je voudrais juste que ce soit la dernière.

mercredi 2 mars 2011

mardi 22 février 2011

Destination nouvelle

Ça y est, les cloches reprennent dans ma tête
J’ai beau serrer mes amulettes

Serais-je en partance pour une destination nouvelle ?


J’aurais dû répéter ton nom

Qu’il sonne comme une évidence

Mais évidemment, évidemment non

Croiras-tu encore à la chance ?

Pas de visa, pas de berline

Prendre la rue à contresens

Juste le poids des ballerines

Imbriquées aux vapeurs d’essence


La quête, l’oraison sibylline

Ont-elles encore vraiment un sens

Nous vivions des moments ultimes
Que jamais ils ne recommencent

(simon polaris - Destination nouvelle - 2013)

samedi 15 janvier 2011

Des copeaux dans la peau...


Pour certains ce doit être un après-rasage, un savon, ou même le pétrole, le tabac brun ou encore le souffre. Moi c'est l'odeur des copeaux. Jamais cette senteur ne me quittera, imprégnée jusqu'entre les synapses, il suffit que je ferme les yeux et les émanations remplissent l'habitacle. C'est en même temps une fragrance assez discrète puisqu'on ne la repère qu'à un rapprochement conséquent, mais elle imprime chacun de mes souvenirs les plus lointains.
Elle est juste l'odeur naturelle de mon père. Celle qui balaye l'oreiller le soir au baiser de bonne nuit, qui rassure après la peur panique dans le creux de l'épaule, qui découpe la campagne au trajet nocturne estival reliant les deux bordures du pays.

Papa, si un jour tu dois quitter ce monde, ce que je t'interdis juste de faire avant le siècle prochain, comment donc, même si par miracle j'arrive à me relever de l'inacceptable, pourrais-je à nouveau un jour approcher un arbre, une chaise ou une étagère..?