samedi 31 mars 2007

Présence humaine



Nous marchons dans la ville nous croisons des regards
Et ceci défini notre présence humaine
Dans le calme absolu de la fin de semaine
Nous marchons lentement aux abords de la gare

Nos vêtements trop larges abritent des chairs grises
A peu près immobiles dans la fin de journée
Notre âme minuscule à demi condamnée
S'agite entre les plis et puis s'immobilise

Les hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

Nous avons existé telle est notre légende
Certains de nos désirs ont construit cette ville
Nous avons combattu des puissances hostiles
Puis nos bras amaigris ont lâché les commandes

Et nous avons flotté loin de tous les possibles
La vie s'est refroidie la vie nous a laissé
Nous contemplons nos corps à demi effacés
Dans le silence émerge quelques data sensibles

Mes hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

Nous sommes réunis nos derniers mots s'éteignent
La mer a disparu
Une dernière fois quelques amants s'étreignent
Le paysage est nu

Au dessus de nos corps glissent les ondes hertziennes
Elles font le tour du monde nos corps sont presque froids
Il faut que la mort vienne la mort douce et profonde
Bientôt les êtres humains s’enfuiront hors du monde

Alors s'établira le dialogue des machines
Et l'informationnel remplira triomphant
Le cadavre vidé de la structure divine
Puis il fonctionnera jusqu'à la fin des temps

Mes hommages à l'humanité se multiplient sur la pelouse
Ils étaient au nombre de douze leur vie était très limitée

(Michel Houellebecq - Présence humaine - 2000)


Quoi ? Vous ne connaissez pas « Présence humaine », l’album de Michel Houellebecq ? Une chose est sûre, si vous le découvrez maintenant (il date tout de même de 2000), vous n’y resterez pas indifférent. Il peut traverser votre salon sans avoir traversé votre esprit ou vous hanter à long terme…
Pour vous rassurer, il a été pas mal descendu par les critiques, qui ont dit en gros, pour résumer : « c’est de la merde, faut être con pour écouter ça, Houellebecq ne sait pas chanter (sans blague, c’était dur à imaginer…), c’est facile, inintéressant, monotone, mou, réservé aux habitants de Saint Germain », j’en passe et des plus fines…
Qu'ils se branlent sur Gotan Project...

Bon, on parle un peu du disque? Apparemment Houellebecq est parti dans ce projet parce qu’il était déçu que tout le monde se branle de la poésie. Il s’est dit : « Tiens, je vais faire un disque rock avec des poèmes, histoire d’essayer d’intéresser un peu à tout ça...» Ce à quoi il ajouta sous la pression de Burgalat : «Je vais même m’entourer d’une bonne équipe et tourner sur les plages, le midi. » Dingue non? surtout que j'y étais pas...
Bertrand Burgalat produit le disque, joue, et on retrouve avec lui les membres d’Eiffel et Peter Von Poehl. Guitares électriques wha-wha , basse bien ronde, batterie, orgue hammond, ça sonne un peu rétro, tourne assez psychés et laisse la part belle aux mots. Le textes sont des extraits des recueils de poésie de Houellebecq, déclamés en sorte de talk-over, cher à Gainsbarre. Il y parle d’une voix désabusée de séjours balnéaires, de paninis saumons, de masturbation, de mots fléchés, de solitude, des pics de pollution…


Pour les braves personnes qui vont encore me dire que c’est pas très gai, avec Houellebecq vous vous en doutiez un peu quand même non ? A ceux-là je conseille chaudement la Compagnie Créole, car c’est bon pour le moral. Ou encore Henri Salvador qui n'en fini pas de mourir...

Ce disque est un peu un ovni. Tout ce qui ne peut pas être mis dans une case dérange, ou fascine. Choisis ton camp camarade…

et puis pour finir, je vais vous dire un truc tout simple : pour moi, un type qui se prend comme ça en photo tout seul et balance sans commentaires sur son blog ne peut pas être foncièrement mauvais…
A visiter! http://web.mac.com/michelhouellebecq/iWeb/Site/Blog/Blog.html


Michel Houellebecq – Présence humaine – 2000 Tricatel

vendredi 30 mars 2007

Sarah...

Petit moment magique et de privilège quand Sarah Slean, inconnue à mes yeux et mes oreilles, arriva au Poste à Galène avec sa petite valise à roulette et un bouquet de fleur, s'assit au piano et commença à s'échauffer...
J'avais eu le tort, la veille au soir, d'abuser avec mes proches acolytes de boissons diverses et variées... Ce fut un véritable antidote.
Je suis resté collé à mon pupitre, paralysé par la perfection vocale et musicale. Pureté, candeur, simplicité, naturel, et en plus, ce qui ne gâche rien, un physique à tomber par terre…
Un peu plus déçu par l’album « Day one », quand après un morceau d’ouverture (Pilgrim) énorme de composition et de production, on tombe dans un mélange un peu trop sirupeux pour moi. Mais je pardonnerais tout à cette frêle canadienne pour m’avoir transporté ce soir-là…
Je n'ai jamais eu l'occasion de la voir avec son groupe, mais seule piano/voix c'est un pur délice...

Voici une courte vidéo pas du tout représentative de ce concert, qui a le mérite de venir du Poste (merci Pirlouiiit) ainsi que le petit mot que je lui ai extorqué avant son départ…
http://www.youtube.com/watch?v=gP-cCewteZE





mardi 27 mars 2007

Plus forte que moi


Douloureux réveil
Dégâts profonds
De plomb
Sans sommeil

Enfonce tes aiguilles
Petite fille
Entaille
Ensorcelle

Joue de tes dons

Tire sur tes ficelles
Le drap à toi
Le froid
M'est flanelle

Détend tes doigts
Crible de flèches
Revêches
Mon corps froid

Joue de tes doigts


lundi 26 mars 2007

Nuit de cauchemards...












Ce n'est pas possible, l'un de nous deux se trompe. Pourvu que ce soit moi...

dimanche 25 mars 2007

A Gilles...


Faux videur, faux barman, faux instit, faux surfeur, mais véritable ami, qui, quand je l'ai lâché hier au boulot, à une horde de parvenus trentenaires, cognant sûrement dédaigneusement leur clinquante monnaie sonnante et trébuchante sur le zinc, m'a juste dit de prendre soin de moi avec l’œil préoccupé des grands frères…
J’espère que cette tribu de sourdingue présomptueux t’aura au moins laissé un maigre pourliche, que tu auras enflammé la piste sur les Ramones, que tu en auras bu un ou plus à ma santé, si l'on peut dire, et que mes Bukowski acolytes t’auront manqué un chouya…

Merci de m’avoir une fois de plus relativisé la figure avec une de tes tirades à la tac au tac, quand, t’exprimant l'angoisse d’une possible opération en vue d’une ablation des amygdales tu m’as répondu : «T’as vu l’année de merde que t'as passé? Moi à ta place je me les enlève tout seul au cutter !»

A la tienne mon poteau, au souvenir de ce magique noël et à tout ce qu'il nous reste à faire...

samedi 17 mars 2007

Chez Max, coiffeur pour hommes...


De Marie à Marilou, il n'y a qu'un loup...
Encore un jeudi où tu promèneras tes doigts dans mes cheveux...



















Chez Max coiffeur pour hommes
Où un jour j'entrais comme
Par hasard me faire raser la couenne
Et rafraîchir les douilles
Je tombe sur cette chienne
Shampooineuse
Qui aussitôt m'aveugle par sa beauté païenne
Et ses mains savonneuses
Elle se penche et voilà ses doudounes
Comme deux rahat-loukoums
A la rose qui rebondissent sur ma nuque boum boum
Je pense à la fille du Calife
De la mille et deuxième nuit
Et sens la pointe d'un canif
Me percer le cœur je lui dis
"Petite je te sors ce soir ok"
Elle a d'abord un petit rire comme un hoquet
Puis sous le sirocco du séchoir
Dans mes cheveux
La petite garce laisse choir
"Je veux"

(Serge Gainsbourg - Chez Max coiffeur pour hommes - L'homme à tête de chou - 1976)

vendredi 16 mars 2007

jeudi 15 mars 2007

Comme au premier jour...

Un peu de douceur avec ce petit texte écrit pour "me", profitez, ça va pas durer.
Si vous voulez l'écoutez, suivez ce lien : memusik.free.fr/disco/disco.htm


Laissez-vous tenter
Faites le premier pas
Hors des sentiers
Indélicats

Entrez sans frapper
Ou je n’ouvre pas
Il n’est pas de clef
Ici-bas

Laissez inventer
Un nouveau décor
Jeu d’ombres
Et de corps à corps

Entrez découvrir
De vives couleurs
Pareilles nulle part
Nulle part ailleurs

Laissez pimenter
Vos prochaines heures
En vous cachant
Des imposteurs

Entrez dévoilés
Comme au premier jour
Déposés nos masques
Alentour

Venez un jour bercer ma peur
Cautériser les bleus de l’âme
Voir au grand jour les filigranes
Qui s’emmêlent à l’intérieur

Et je me pose en douceur
Et je glisse à l’intérieur
En attendant
Le bon visiteur

Et je médite en retour
Le moindre de vos détours
Et je devine
Vos traces mutines
Comme au premier jour

Suivez les chemins
Jamais empruntés
Jeux de piste autour
Des jardins secrets

Semez le désordre
Cloîtrez le déjà-vu
Faites grande place
A l’imprévu

Laissez donc filer
Craintes et doutes
Voyez comme simple
Peut-être la route

Parcourez enfin
Les derniers carats
Et pour une fois
Ouvrez les bras

mercredi 14 mars 2007

L'U.S.L.

Non, il ne s'agit pas d'une organisation secrète, d'un parti politique, d'un sigle pétrochimique ou bien d'une entreprise du Cac40. Il s'agit au mieux d'une boutade, d'une belle farce, d'un pied de nez aux bien-pensants, aux assis, aux abonnés du politiquement correct.


L'U.S.L., c'est l'Union du Steak Libre. Un rendez-vous entre vieux potes dans un bled du Vaucluse, tous les vendredis midi, disons de midi à quinze heures, et plus pour ceux qui ont la chance de ne pas retourner au turbin. C'est une fenêtre ouverte sur tous les possibles.
La recette? Un bon gros steak par personne, bien saignant, frais du jour (ben ouais, c'est vendredi!), un gros saladier de frites croustillantes et dorées, tout ça avec un bon gros pot de moutarde familial, un bon pain de campagne, quelques litres de vin rouge, des rires et des blagues limite, on se lâche, on dit du mal, on rigole encore, on est là, vivant, et au diable les analyses médicales, les curetons ou ayatollah, au diable les bonnes manières, les ennuis quotidiens, ici, l'esprit Hara-kiri est de mise. Reiser et Coluche ne sont jamais bien loin.



On ouvre un bon vieux calendos, le créateur de l'USL le flaire en disant : "ça me rappelle une femme que j'ai beaucoup aimé...", on la connaît par coeur mais on se marre quand même, à chaque fois.
La cheminée fume l'hiver, l'été on est au frais, on mange sous les regards complices des trois éternels de la célèbre photographie de Leloir : Brel, Ferré, Brassens. Trône aussi dans la pièce un mythique tableau ou des moutons tombent par millier d’une falaise. Un seul d’entre eux remonte le troupeau à contre-courant en s’excusant.






Biquet se remet de son cancer, enchaînant humour noir et critiques économiques; Jacques, le doyen, toujours l'oeil luisant, alterne colères mémorables et larmichettes en réponse aux histoires qui le touchent toujours profondément; Jean-Marc, le créateur, toujours la répartie fumante, s'inquiète de l'avenir de ses petits-enfants; ensuite, après le noyau dur, il y a les habitués, Pascal, toujours bon camarade, François, dit "Grand corps malade", le Caz, parfois de passage, voir même Fredo ou autres...







Ci-contre : Le doyen de l'USL embrassé par un intermittent du vendredi pour l'avoir écouté et compris dans sa détresse passagère. Nous ne pouvons malheureusement pas voir les visages émus de ces deux acolytes pour protéger leur anonymat.




Ni dogme, ni tradition, l'U.S.L. est, dans ses statuts, pour la boutade, interdit aux femmes par principe. Cela vient du fait qu'à sa création, les potes se retrouvaient sans leurs conjointes toutes les semaines pour se lâcher un peu. Évidemment, il existe des dérogations, car les Uselistes aiment trop les femmes pour être misogynes...

Ici, tout est permis. Fusent brèves de comptoir, philosophie profonde, peurs, doutes, questionnements, blagues plus ou moins douteuses, espoirs, projets utopiques, rêves d'enfant... Il y en a toujours un pour attraper la guitare et pousser la chansonnette.
En fait, c'est une brèche ouverte sur la poésie et le temps suspendu, une ode à l'amitié et à l'inaltérable optimisme forcené, un subtil mélange de vices et de vertus contre la morosité ambiante.

Ruralité mon amour...























T'inquiètes pas ma Lolita, même si on a l'interdiction de séjour dans les campagnes sous risque de rétablissement de la peine de mort pour cause de promenade, qu'ils ont le droit de s'adosser à nos maisons pour canarder les oiseaux migrateurs, peut-être même un jour celui de venir jusque dans nos bras égorger nos fils et nos compagnes, les avinés assassins n'ont pas encore l'autorisation de faire du Parc Borely leur terrain de jeu.
On ira tantôt leur donner du pain sec à tes canards, je laisserai personne leur faire du mal...

dimanche 11 mars 2007

A la bouche


A la bouche
Des paquets de mots
Aux aguets
Planqués entre deux os

A la louche
S’emmêlent pinceaux
Cloche-pied
Anicroches au kilo

Semblant
Je sais taire
Faussaire
Faux départs
Faut s’y faire
Et finir par croire
Qu’on pourrait s’y plaire

On file on se défile
A l’envers et contre tout
On laisse on se délaisse
A l’alter et contre nous

A la bouche
Désordre d’émaux
Affleurés
Plantés entre deux crocs

A la touche
S’enroulent zéros
Au fleuret
Feu coups d’épées dans l’eau

vendredi 9 mars 2007

Lolita


Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon pêché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c’était toujours Lolita.

Voici le début de Lolita, de Vladimir Nabokov. Ce bouquin m'a tiré d'une période où je n'avais plus goût à rien. Je l'ai lu quasiment d'un trait, dico à portée de main, car le vocabulaire est plus que fouillé. J’en suis sorti transcendé, un costume neuf, un peu allumé aussi. J’enquillais les gin-ananas à la Humbert Humbert, les ailes de la caisse effleuraient des pilônes, je déclamais ce barje de poème que le narrateur écrit à un moment de détresse :








Perdue : Dolorès Haze. Signalement :
Bouche « écarlate », cheveux « noisette » ;
Age : cinq mille trois cents jours (bientôt quinze ans !) ;
Profession : « néant » (ou bien starlette)

Où va-t-on te chercher, Dolorès ? Quel tapis
Magique vers quel astre t’emporte ?
Et quelle marque a-t-elle – Antilope ? Okapi ? –
La voiture qui vibre à ta porte ?

Qui est ton nouveau dieu ! Ce chansonnier bâtard,
Pince-guitare au bar Ritamane ?
Ah ! les beaux soirs d’antan quand nous restions si tard
Enlacés près du feu, ma Gitane ?

Ce maudit Wurlitzer, Lolita me rend fou !
Avec qui danses-tu, ma caillette ?
Toi et lui en blue jeans et maillot plein de trous
Et moi, seul dans mon coin, qui vous guette.

Mac Fatum, vieux babouin, est bienheureux ma foi !
Avec sa femme-enfant il voyage,
Et la farfouille au frais, dans les parcs où la loi
Protège tout animal sauvage.

Lolita ! Ses yeux gris demeuraient grands ouverts
Lorsque je baisais sa bouche close.
Dites, vous connaissez-vous le parfum « Soleil verts « ?
Tiens, vous êtes français je suppose ?

L’autre soir, un air froid d’opéra m’alita.
Son fêlé – bien fol est qui s’y fie !
Il neige. Le décor s’écroule, Lolita !
Lolita, qu’ai-je fait de ta vie ?

C’est fini, je me meurs, ma Lolita, ma Lo !
Oui, je meurs de remords et de haine,
Mais ce gros poing velu je le lève à nouveau,
A tes pieds, de nouveau , je me traîne.

Hé, l’agent ! Les voilà – rasant cette lueur
De vitrine que l’orage écrase ;
Socquettes blanches : c’est elle ! Mon pauvre cœur !
C’est bien elle, c’est Dolorès Haze.

Sergent, rendez-la moi, ma Lolita, ma Lo
Aux yeux si cruels, aux lèvres douces.
Lolita : tout au plus quarante et un kilos,
Ma Lo : haute de soixante pouces.

Ma voiture épuisée est en piteux état,
La dernière étape est la plus dure.
Dans l’herbe d’un fossé je mourrai, Lolita,
Et tout le reste est littérature.
Je crois que c’est grâce à Gainsbourg une fois de plus que j’ai découvert Lolita et Nabokov. Il se plaisait à réciter la dernière strophe. Il y a dedans tout le romantisme noir à faire vibrer un parpaing. Que je l’ai trimballé ce livre, ne serait-ce que pour ce poème. D’ailleurs il est un peu ruiné juste comme j’aime. C’est pour ça que je l'ai scanné pour illustrer ce post.
Ah oui, au fait, s’il vous prend le grand bien de l’acquérir, j’ai remarqué qu’une nouvelle traduction était disponible, et même qu’apparemment quand on achetait le poche c’était celle-là d’office. Je n’y ai rien retrouvé de la verve nabokovienne. En même temps, je ne parle pas spécialiste pour comparer les deux traductions, mais pour moi, Lolita, c’est traduit par E. H. Kahane. Même le poème est différent dans la nouvelle version, ça va pas la tête ou quoi ??

Deux films ont été tirés de ce roman, ils portent tous deux le titre "Lolita"; le premier est de Stanley Kubrick, avec James mason, Shelley Winters, Peter Sellers et Sue Lyon et date de 1962.

Le second est d'Adrian Lyne, avec Jeremy Irons, Franck Langella et Dominique Swain et date de 1996. Tout le monde s'accorde à dire que le "vrai" est celui de Kubrick. Je trouve que le second est pas mal du tout aussi. En fait je prendrais la Lolita de Kubrick et l'Humbert Humbert de Lyne! Ce serait le plus crédible.

Glané sur le net...


Quand j'écoute Gainsbourg, j'ai envie de sortir.
Retrouver Woogie et jouer du saxophone toute la nuit.
Boire trop.
Rentrer à cinq heures avec une femme.
Remettre le disque, finir le scotch.
Puis, juste avant que le soleil ne se lève, pourquoi pas, mourir.

Des fois, on tombe sur des trucs comme ça.
On se dit que la personne qui a écrit ça ne peut pas être mauvaise.
Fait chier je me rappelle plus du nom du type...

Monsieur Bacri


"Ça doit être excitant de baguer des dents."

Sur la mélancolie...

Je vais vous dire un petit truc les gars.
Je compte bien mettre sur ce blog des choses pas forcément super joyeuses comme on pourrait dire. Racler au fond, frôler les bords, raser les murs. Qu’on vienne pas me raconter que ça plombe l’ambiance sinon je viendrai saoul à vos banquets, m’accouder à la pièce montée et m’essuyer dans la traîne de la mariée.
Ben oui, des fois c’est glauque, et ça ne correspond pas forcément à une globalité. Je sais qu’à force de raconter des histoires noirasses on va encore dire que je suis triste ou sombre alors que je pense que ce serait une distorsion de la réalité. Alors qu'on peut être sombre sans être triste ! On va encore me taxer de dépressif ? Je prends ! Que ce soit bien clair. Je vais le dire ici une fois pour toute. Je pense être profondément dépressif, et à la fois profondément heureux et enflammé. Un dépressif c’est pas forcément un type qui vous emmerde avec des histoires autolysantes. Ce peut être aussi un trait de caractère, voire de clairvoyance... En fait j'ai l'impression que la normalité c'est la dépression. Et je le pense vraiment en plus !
Il y a des choses noires, dures, glauques, horribles, et je les regarde en face. Vivre tue, et c’est terrible, faut bien se carrer ça dans le crâne. Certains ont le droit de ne pas vouloir y penser, trouver que la douleur, la solitude et la mort, c’est triste, qu’on me laisse celui d’écouter ou regarder des trucs durs et vibrer, parfois verser ma larmichette, parfois repartir pour dix milles. Ça me fait du bien. Je ne suis sûr que d’une chose, je vais crever. Alors laissez-moi jouir jusqu’à la dernière goutte. Je ne vis pas à Disneyland, et si vous visitez mon site de poème, j’espère que vous décèlerez toute la vie qui en découle même si c’est pas toujours très gai. Moi, quand je suis mélancolique, c’est les fleurs, les musiques d’ascenseur, les plages de sable fin qui me foutent l’angoisse. Je vais soit mourir jeune, soit enterrer mes potes un par un. Vous trouvez ça drôle?
Par exemple, "Série noire", de Corneau, avec Dewaere et Trintignant, c’est glauque, ça tripatouille le bide, mais c’est bon, c’est la qu’on se dit « Putain, je suis vivant bordel, qu’est-ce que je regrette pas ! »

"Il n’y a plus rien", de Ferré, mais si, vous savez, le morceau de quinze minutes cinquante-cinq, « Quand je croise un couple dans la rue, je change de trottoir ! », ben par exemple, y’a des gens qui doivent pas comprendre qu’on puisse écouter ça. Un bon cafard, tu te le mets bien fort, tu hurles avec lui quelques phrases en levant le poing au ciel, en insultant les dieux et ça repart !!
Mon recueil de poèmes, dont vous pouvez retrouver des extraits sur La Vie normale, a failli s’appeler "Dysenterie", sorte de manière d’expliquer que je m’étais vidé pour l’écrire. En fait je crois que j’ai une explication que je ne veux pas admettre. Tout ça est assez égoïste. Ecrire me soulage et je trouve dommage de ne pas en faire profiter autrui si ça peut servir. Si une seule personne passe un moment agréable en lisant mes écrits, comme j’ai pu le faire avec ceux des autres, et bien c’est déjà ça de gagné. Ecrire, c’est assez prétentieux et nombriliste, alors l’offrir en partage au cas où ça puisse aider quelqu’un à repartir, ça rachète.
Ce que je voulais dire en substance, c’est que la beauté je la vois dans certaines choses, dont je vais aussi parler dans ce putain de blog. Tout ça en préambule du post que je voulais écrire précédemment où je voulais parler des quelques oeuvres, univers, vibrations qui m'ont sauvé de la folie ou de la défenestration à plusieurs reprises. Mais je peux pas m'empêcher de me justifier comme un con par peur d'incompréhension.
Voilà, on va pouvoir parler librement.

Romain Humeau



On ne rencontre pas tous les jours des gens comme ça dans une existence.
Ce genre de personne qui vous met une gifle, chez qui on sent quelque chose de fort, d'unique, et on a beau ne pas y croire, une sorte de destin. Romain Humeau fait parti de ceux-là.
A peu près 35 ans au compteur, établi dans le sud-ouest, il est le chantre du groupe Eiffel. Il vient avec ce groupe de sortir un troisième opus, Tandoori. Il rouvre une brêche, plus qu'un espoir. Oui, on peut allier des textes ciselés dans la langue de Molière et des musiques prenantes aux tripes. Si j'avais dû avoir un grand frère, j'aurais aimé que ce soit Romain. Il me reste le plaisir de le retrouver le 5 mai à l'Escale St Michel à Aubagne et d'avoir l'honneur d'ouvrir pour lui et ses comparses avec mon groupe. Encore des moments forts en perspective. Merci à toi Romain pour être si vrai, et finalement, si normal. Celà fait parti des détails qui aident à vivre. Tandoori m'aura aidé à faire passer la pilule des moments difficiles de ces derniers mois. Comme tu dirais, un riff, un rythme, un texte...

Voici un petit article que j'ai écrit l'an dernier, voire un peu plus, pour un journal afin d'annoncer les quelques dates de Romain dans le sud-est. Je vous le remets texto afin de vous le faire découvrir un peu plus.

Romain Humeau sait tout faire. Alors il le fait. Et avec humilité. Pas pour faire le mariole, juste comme ça, c’est plus fort que lui, il a ça dans le sang, dans la peau, dans les tripes… Entre deux albums d’Eiffel et les tournées qui vont avec, pendant une pause bien méritée, il ne peut se résoudre à l’inaction, l’inactivité… alors comme il déborde chaque jour de projets, d’envies, et que c’est un bosseur, un artisan passionné de la musique - peut-être comme son père fabriquait des clavecins - il écrit, compose, joue, enregistre et mixe un album solo, fait des arrangements de cordes, des remix, relève des partitions, crée des pièces musicales pour la radio, et trouve le temps de s’investir dans le ko social…
Si vous ne possédez toujours pas « L’éternité de l’instant » (album sorti depuis le 8 mars), courez le chercher; une version de ce disque (CD+DVD) dispose d’un documentaire où vous découvrirez son travail et son univers, puis venez donc le retrouver sur la route, il passe forcément près de chez vous… Sans compromissions, il nous délivre un rock à la fois brut et plein de finesses, sincère, sans fioritures, souvent enflammé et acéré, parfois plus posé et intimiste, toujours remarquablement bien mené… Il fait ce qu’il a envie de faire. Il est à parier que ses mélodies hanteront vos silences. En fait, Romain est tout simplement vrai. Il n’y a qu’à parcourir les lignes de son journal sur le site (www.romain-humeau.com). Il est là, parmi nous, on participe tous à la même chose, dans un même élan. Alors Romain sur scène, même pour la première fois, c’est comme une retrouvaille. On a l’impression qu’on le connaît depuis toujours, qu’il a toujours été là…
Au fait, comment c’était déjà avant… ?

(photo prise au Poste à Galène par votre serviteur)


Romain Humeau avec Eiffel :
- Abricotine (2001)
- le 1/4 d'heure des ahuris (2002)
- Les Yeux fermés (live) (2004)
- Tandoori (2007)

en solo :
- L'Eternité de l'instant (2005)

le site d'Eiffel : eiffelnews.com

Aphorismes et brèves de comptoir...

Je n'ai jamais été très balèze pour les aphorismes. Gainsbarre m'aurait claqué le beignet. Vian me l'aurait fait boucler net.
Pour ceux qui ignorent ce qu'est un aphorisme :


aphorisme
[aforism] n. m. Formule ou prescription concise résumant une théorie, une série d'observations ou renfermant un précepte.


Donc en gros on pourrait dire que c'est une phrase très courte qui laisse échapper une pensée, une humeur, parfois une théorie, qui peut être très profonde ou même sans intérêt.
En voici trois sans prétention de ma composition :

- Une somme de petits plaisirs suffit à l'illusion du bonheur.
- Moi, cynique? Juste un peu trop lucide...
- La vie n'est qu'un passe-temps, mon favori.

Bon allez, on ne peut citer Gainsbourg ou Vian et se refuser au plaisir de les écouter :

- Les gens sans imagination ont besoin que les autres mènent une vie régulière.
- L'avenir appartient à ceux qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt.
- Etre beau ou laid peu m’importe, ce que je veux c’est plaire aux gens que j’aime. (Vian)
- L'homme a crée des dieux, l'inverse reste à prouver.
- La laideur est supérieure à la beauté en ceci qu’elle dure.
- La connerie c’est la décontraction de l’intelligence. (Gainsbourg)
- Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables. (Baudelaire)
- Drôle d'époque où il est plus facile de dissoudre un atome que de vaincre un préjugé. (Einstein)


Déviante des aphorismes, on peut je pense analoger (waouw le néologisme !) les brèves de comptoir. Certains trouveront ça insignifiant, mais ceux qui ont l’art et la manière de s’envoyer une mousse en écarquillant les oreilles apprécieront à coup sûr.
Je vous en recommande un bon gros tome toujours à portée de main aux commodités, ça ravi les amis de passage. Une brève de comptoir c’est une petite phrase ou un petit dialogue pêché au vif au zinc. Jean-Marie Gourio a passé des années de sa vie à en relever et à les compiler dans des bouquins qui existent depuis en poche.

un midi un peu plus long qu'un autre à feu la Cave Breysse


Exemples :

« J’aime bien parler avec les petites gens.
- Vous tombez mal, aujourd’hui j’ai que des présidents de la république. »

« Mon père, avant, on savait jamais où il était, et même maintenant au cimetière je sais jamais la bonne allée. »

« J’ai envie de mourir.
- Je te connais, quand tu seras mort ce sera le contraire.»

«Etre maman c’est un travail, je vous jure. D’ailleurs je vais licencier les gosses. »

Lettre à Sydgin


Moral dans les chaussettes ce matin, angine blanche, éreinté au réveil, sale nuit cauchemardesque, marre de ressasser le passé et de me faire une tambouille cervelesque...

Alors je suis enfin allé faire un petit tour sur ton blog, je le gardais sous le coude, pour un moment privilégié, comme un bonbon acidulé ou un baume cicatrisant, parce que je sais que la terre n'est pas heureusement peuplée que de calculateurs, chasseurs, sportifs, banquiers, ministres et autres assermenteurs, qu'il reste des gens comme toi, comme nous, comme eux, nos poteaux toujours là les jours de grand vent, qu'on est peut-être pas bien portant, fous, rêveurs, névrosés, utopiques, immatures, mais qu'on est encore debout, vivants, la rage au ventre, qu'on les emmerde, qu'on pisse contre le vent, qu'on brave le crabe et les statistiques, et que, bien qu'on sache que rien ne sert à rien, on trouve toujours malgré les douleurs une vraie place pour la poésie.
Comme dirait ma mère : "Mais quel âge vous avez ?!?"
On en a pas.

Merci à toi, mon ami, d'être ce que tu es, ne change rien.
Aux soirs d'ennui, je me retrace toutes ces routes sinueuses et intrépides que l'on a parcouru dans cette voiture magique, carosse de tous les possibles, et je remercie le hasard de t'avoir placé sur la route de mon adolescence attardée.

Porte-toi bien. Tu ne seras jamais tout à fait seul.

Ton ami, ton frère.