samedi 28 septembre 2013

Naissance

Mais quelle infamie de constater que les derniers posts de ce blog sont lourdement endeuillés..! Quelle tristesse, que de lest en nos épaules déjà courbées vers la terre..! Il n'y a pas mille raisons, soit je vieillis, soit je ne viens ici qu'en ces occasions, car c'est un sacré moyen de défense.
Retenons la deuxième proposition, elle me sied mieux...
Alors ce matin je me suis dit en mon for intérieur, si toutefois je possède un quelconque jugement de la conscience, il faut remédier à cela mon petit gars..!
Et c'est là que le bât blesse. N'écrirais-je que pour épancher ou étancher mes douleurs? Revendiquer? Contrarier? Crier? Décrier? N'y a-t-il point au fond de tes entrailles un petit feu de joie qui irrigue tes veines?

Eh, oh, stop..! La pudeur, tu connais..?
Pour les béats de leurs déversements stériles, si toutefois ma prose vous irrite, je ne saurais que trop vous conseiller les réseaux sociaux. Vous pourrez ainsi à l'aide de votre smartphone hégémonique photographier votre crotte, bien plus longue et plus lisse que celle du voisin. Et notifier chacune de celle de vos progénitures, c'est tellement incroyable, il a une dent qui pousse, le mignon chérubin..!

Les joies et satisfactions personnelles sont des choses à garder pour soi, déjà parce que leur étalage est indécent et suspect, mais aussi parce qu'elles ne nourrissent en rien le débat. Au mieux je pourrais vous dire qu'aujourd'hui je brûle de désir à l'idée d'acquérir le dernier Moix, dont je n'ai eu que de brefs extraits, et dont le style excite déjà mes synapses. Ce soir, tu auras intégré mon logis. C'est ainsi, personne ne pourra m'arrêter. Oh je sais, défi un peu facile vu la mise en place aussi gigantesque que son épaisseur, mais dites-vous bien qu'il en eut été de même avec un vieux Dubois achevé d'imprimer en 1989.

J'ai un rapport particulier avec les livres. Enfin, il pourrait l'être si je n'entretenais le même genre de rapport avec d'autres objets, passions, marottes... Des périodes obsessionnelles, où tout tourne autour de l’œil du cyclone, puis l'instant d'après où j'en oublie jusqu'à l'existence. Je ne parle, ne mange, ne bois, ne respire que pour cela, une raison d'être, un sacerdoce, une mission divine, puis une époque chassant l'autre, je passe à une nouvelle lubie. Mais, tiens, en parlant de cela, tout à coup me reviennent les images et odeurs de mes périodes passées, de grandes fenêtres qu'il suffit d'ouvrir pour retrouver tout le sel de l'appétit enfoui..! Je vais égréner ton millier de pages dans ma figure, et avaler ce vent délicieux jusqu'à la lie...

Je viens juste de remarquer que le truchement de mon for intérieur m'avait aiguillé sur un roman au titre presque provocateur en vue de la discussion qui nous mena ici. Ce qui ravira son auteur..!
Alors oui, en ces temps difficiles où la faucheuse snobe la tendinite, où les arbres perdent leurs feuilles et les plantes leurs fleurs, où l'on ne sait si le tas de bois sera suffisant pour réchauffer nos âmes, regardons devant, vers les naissances et renaissances à venir. La vie est là bordel..!

Tiens, ça dérape, dévie, décroche, voilà que je me mets à positiver moi maintenant. C'est peut-être juste parce que, là, au moment où je parle, je viens de me rendre compte en tournant cette phrase qu'il n'y a que l'écriture qui puisse me mettre dans cet état de bien-être et de plénitude.
Alors mon gars, qu'est-ce que tu fous le reste du temps..?

mardi 17 septembre 2013

Bonne route loulou...

Les chevaux t'appellent, loulou, osent un cri dans la nuit. Puis la déchirent en deux. Les sabots battent la mitraille. Mais plus rien ne bat dans ton poitrail. Tu ne répondras pas. Il peuvent hennir à s'en briser les mâchoires.
La vie est comme ça, elle s'arrête tout à coup. Du grand n'importe quoi. Une absurde fabrique de dérisoire. Le glas remplace le tocsin. Le curé et ses paraboles osées n'y changeront rien.   D'ailleurs, si dieu existe, j'espère qu'il a une bonne excuse. Je n'en vois pas de valable. Vas-y, cherche..! Tan qué vire, faï des tours..!
Où es-tu loulou..? Dans la sève de quelle cabane, à la lisière de quel aride paysage, dans quelle chevauchée fantastique, au son de quelle timba..?
Gina la valeureuse t'attend loulou, mais tu ne viens pas. Tu es déjà loin. Elle te survivra.

Mon fils, tu as dans les yeux la couleur indéfinissable des grands hommes. Ceux qui ont vu les récifs de coraux, bravé les regs et les ergs. Celle-là même qui brille encore par-delà le bois et le marbre. Un joyau précieux. Qui ne se délave jamais. Fais-en quelque chose de bien. Tu as de qui tenir. Et si un matin le temps use tes souvenirs, si un jour ta mémoire se brouille, je serai là pour te rappeler qui il fût.
Serre-moi dans tes petits bras. Fort. On ne sait jamais ce que le sort nous réserve.
Bonne route loulou...