samedi 19 mai 2012

A toi...

Je n'aborde jamais mon petit moi ici. Je veux le faire aujourd'hui pour que le monde puisse le lire, et le sache. Alors écoute.

Un air pour toi mon petit soleil, pour ton dévouement et tout l'amour que tu m'as donné si naturellement tout au long de ces heures infinies, ta nuque brisée de sommeil sur l'accoudoir de ce fauteuil non inclinable. A nous deux, nous avons plus d'empathie qu'un continent entier.

Cet air pour toi, parce que, lorsque tu écoutes cette chanson, malgré les décennies passées et cette histoire lointaine, tes yeux se mouillent à chaque fois.

On trimballe tous nos tares, nos peurs, notre passé, nos désirs. Il ne faut pas en avoir la frousse ou tenter de le dissimuler. C'est ce qui fait la beauté des choses et notre putain d'humanité.

Nous sommes si différents et si ressemblants à la fois. Quand je te regarde, plus rien n'est impossible. Tu peux compter sur moi, comme un tronc solide, un pilier, un sémaphore les jours de brouillard.

J'en étais déjà sûr, mais maintenant j'en suis certain. Je te veux pour l'éternité.


lundi 7 mai 2012

Lettre à mes amis...

        
           Lettre à mes amis réels, virtuels, et à ceux avec qui je croyais partager des valeurs indéfectibles.

Ceux qui me connaissent un peu ne seront pas surpris de deviner que j'étais content de voir partir le président candidat hier soir. Sans stigmatisation. Pour tout ce qu'il représente et que j'abhorre chez l'être humain, ses idées politiques et son style. Ravi aussi de voir partir sa clique de ministres présomptueux, incapables ou malhonnêtes. Et Pourtant, j'ai très mal dormi.

Très mal dormi car je n’ai pu m’empêcher hier soir de suivre la soirée sur les réseaux sociaux, et que bien qu’aguerri à certaines inepties habituelles, ce que j’ai pu lire ici ou là m’a glacé le sang. Même si cela est bien pratique pour faire le tri, tous ces commentaires prouvent à quel point l'intox a marché et le peu de culture politique et historique de nos contemporains.
Je vais mettre tout le monde à l’aise, je ne suis pas issu d'une famille de gauchistes comme on dit, loin de là, et ne possède pas un seul ancêtre aux racines exotiques, il n'y a qu’à voir mon patronyme.
Qu’on soit de droite, pourquoi pas, il y a bien des gens qui croient en dieu, mais qu'on imagine que c'est la victoire des pauvres, des arabes, des branleurs, des drogués; après toutes les humiliations, la condescendance, la poudre aux yeux, la mégalomanie, l'impudeur totale que l'on a vécue pendant ces longues années, c'est à se pincer. Ou alors c'est qu'on est à court d'arguments.
Je crois comprendre aussi à travers les moqueries que le nouveau président n'est pas assez tape à l’œil, mince, Jet set. Je saisis mieux alors votre déception si vous avez la nécessité d’un président qui vous ressemble. Je ne dois pas avoir l’âme d’un winner. Peut-être que tous les ambitieux,  dents longues et autres donneurs de leçon en ont pris un coup dans leur égo. Tout le monde peut se ramasser. Et ce n’est pas forcément la faute du système, ou de la crise. Je vais vous faire une confidence, je connais des gens qui paient l’ISF et qui étaient content du résultat hier soir. Ils continueront à travailler en France, payer des impôts, et je vous rassure, réussiront à boucler les fins de mois sans le moindre souci, et sans toucher à leur train de vie. A l’heure qu’il est, ils sont sereins, ils hésitent juste sur la couleur de leur prochain véhicule.
Non mais sérieusement, de quoi avez-vous peur.. ? Auriez-vous des choses à vous reprocher.. ?
Au pire, rien ne changera, mais avec un peu plus de décence. Libre à chacun de partir à l'étranger, cela aura au moins comme vertu pédagogique de découvrir vraiment le statut d’émigré. J’aimerais rappeler aux quelques imbéciles, qui, pensant manier l’humour avec brio, imaginent que demain le couscous deviendra plat du jour universel ou encore les babouches obligatoires, que la plupart des gens qui ont voté hier sont les plus grand défenseurs de la laïcité et les plus anti communautaristes. Bien à vous de préférer églises aux mosquées ou je ne sais quel temple, je vous laisse entre vous, je ne me sens pas concerné. Je suis un homme libre. Et je pense plus fort que jamais que la religion est une histoire privée, et qu’elle n’a rien à faire dans la vie de la cité.

Alors oui, hier soir, j’étais ravi, sans triomphalisme, car je pense que le programme que j’aimerais voir appliquer un jour aurait vraiment de quoi vous foutre les jetons. Mais j’étais ému.

J’ai pensé à toi, maman, qui bien que déçue par le passé devait avoir les larmes aux yeux devant ta télévision en repensant à tous les gamins que tu as porté dans l’école de la république, avec si peu de moyens et toute cette misère, tu peux partir à la retraite, tu l’as bien mérité malgré tous les crachats infâmes.
J’ai pensé à toi Patrick, qui essayait peut-être de suivre le décompte, de garde au milieu des brancards entassés et des plaies de l’âme.
J’ai pensé à toutes ces femmes qui ne sont toujours pas représentées et considérées.
J’ai pensé à vous, mes amis des minorités si grandes, pédés, noirs, arabes, juifs, mohicans, zapatistes, à ceux qui ont reconstruit la France, ceux qui participent à sa culture bouillonnante et sa créativité légendaire, vous qui vous levez tous les matins malgré les gifles quotidiennes.
J’ai pensé à toutes ces fois où toi, avec ta gueule de métèque, les yeux plein de larmes, tu enviais mon état civil, après avoir essuyé une énième humiliation, alors que tu méritais toutes ces choses autant que moi.
J’ai pensé à Charlie Hebdo et leurs locaux dévastés.
J’ai pensé à tous les inadaptés, les handicapés, les vieux, les rmistes, les chômeurs, qui aimeraient pouvoir prendre part à cet effort collectif.
J’ai pensé à tous mes amis ici, avec leurs noms bizarres et leurs utopies éternelles.
J'ai pensé à Ghis, qui est obligé de bosser double grâce au superbes Lois Robien.
J’ai pensé à vous, Gilles Doyen, Fred Tanari et les autres, avec vos musiques et chansons aussi lucratives que les miennes, mais qui n’ont pas de prix.
J’ai pensé à toi, ma fille, mon petit biscuit, à qui je n’ai su expliquer pourquoi certaines personnes avaient deux maisons et d’autres zéro comme tu dis. Il faut croire que les sueurs ne se valent pas.

Je ne crois en rien, j’espère juste que certaines choses vont changer, comme toujours. Dans le cas contraire, je compte bien me faire entendre. Et fort.

Bon, c’est pas tout mais on est déjà le 7 mai, j’ai le loyer à glisser dans la boite aux lettres de ma propriétaire, et comme elle dit, si vous saviez ce que c’est que d’avoir tous ces appartements à gérer ! Je ne voudrais pas lui mettre une couche supplémentaire d’angoisse.

Et puis j’avais pas dit que lundi c’était le retour de la poésie.. ?

samedi 5 mai 2012

Le petit rocher


La nuit me prend dans sa bouche, me mâche, puis me recrache sur ma couche. Elle ne veut pas avaler. C'est dégueulasse la nuit. Sale et noir foncé. Sa grosse langue ne veut pas de moi. Pas même m'assommer un peu. Je dois me débrouiller tout seul. Comme ça, de but en blanc, au débotté, sans aucun effet d'annonce. La réalité en pleine tronche, et la naïveté de ne jamais s'y attendre. Les nominés sont..........
Il est déjà trop tard.
Qu'il est grand et large le temps pendu au plafond. On a beau se recroqueviller sur ce putain de radeau improbable, la bile tangue au creux de l'estomac mon frère, le monde est un caillou pesant.
Ailleurs la respiration est calme, sereine. Ailleurs. Désolé, tu n'as pas la carte, ça se mérite.
Dehors, les tambourins extatiques n'en finissent pas leur racolage. Pour sûr, le chaland n'est pas farouche. La lame de fond menace à présent l’embarcation. Mais, le panier rempli de psychotropes superfétatoires, on mise pour avoir l'impression d'être quelqu'un, d'être beau comme dans un miroir aux alouettes sans têtes. Fastoche hein la projection, t'en as pour ton argent..? Et superfétatoire, ça t'a plu..?? Violer le codex, voilà au loin la lueur de l'entremise..!! Le prendre et le retourner sans présentation..! Rendre coup pour coup..! Tendre la joue..? Connais pas ! Sans sommation je te dis..! Ce qu'il faudrait, c'est envoyer la mitraille de sourires, tu sais bien, le groupement d'intervention anti-questions, ça défouraille à la positive attitude, pluie de marshmallows..! Que vous êtes beaux, que vous vous aimez, une vraie famille fourrée aux marrons..!!

Avoir des loisirs.
Passer le temps.
Se changer les idées.

Tout un programme. Je le note.
Je le peux, j'ai de l'entrainement, le matériel, oui, je peux tenir le siège, envoie l'encre et le papier, tout dans la caboche, les fards et buvards au placard..! Eh, Léo, qu'est-ce que tu fous, prend du vin pour la route, renverse tes chaises..! Vivre assis, c'est ce que tu veux..? Ou mieux, à genoux, allongé, transi comme un renard galeux dans sa tanière perméable, à l'affût du miracle qui ne viendra jamais..??

Tout est en toi. Tu n'as besoin de rien. Laisse ta part aux autres bordel, prends le maquis, t’espère quoi, la médaille en chocolat..?! Fouineur, arrête de fouiner..! Compte plutôt tes cervicales, arrête de rentrer la tête, t'attends quoi, la soudure..? Alors tu ne vaux pas mieux..!

Oh, c'est facile de juger, quelle aisance..! Le plaisir de la diatribe gratuite monsieur, voilà à quoi se résume votre bouillie emphatique..!

Alors, filer, cheveux au vent, reprendre le radeau de la nuit jusqu'à ce que les premières lueurs nous arrachent de la couche infâme. Celle de dessous, celle de dessus, celle de dedans. Tenter d'approcher le rocher à tâtons. Serrer fort à s'en cisailler les paumes. L'escalader par la face vierge. Grimper encore.

Tu sais quoi..? On est pas si mal finalement sur ce petit rocher. Tu comprendras trop tard.