samedi 5 mai 2012

Le petit rocher


La nuit me prend dans sa bouche, me mâche, puis me recrache sur ma couche. Elle ne veut pas avaler. C'est dégueulasse la nuit. Sale et noir foncé. Sa grosse langue ne veut pas de moi. Pas même m'assommer un peu. Je dois me débrouiller tout seul. Comme ça, de but en blanc, au débotté, sans aucun effet d'annonce. La réalité en pleine tronche, et la naïveté de ne jamais s'y attendre. Les nominés sont..........
Il est déjà trop tard.
Qu'il est grand et large le temps pendu au plafond. On a beau se recroqueviller sur ce putain de radeau improbable, la bile tangue au creux de l'estomac mon frère, le monde est un caillou pesant.
Ailleurs la respiration est calme, sereine. Ailleurs. Désolé, tu n'as pas la carte, ça se mérite.
Dehors, les tambourins extatiques n'en finissent pas leur racolage. Pour sûr, le chaland n'est pas farouche. La lame de fond menace à présent l’embarcation. Mais, le panier rempli de psychotropes superfétatoires, on mise pour avoir l'impression d'être quelqu'un, d'être beau comme dans un miroir aux alouettes sans têtes. Fastoche hein la projection, t'en as pour ton argent..? Et superfétatoire, ça t'a plu..?? Violer le codex, voilà au loin la lueur de l'entremise..!! Le prendre et le retourner sans présentation..! Rendre coup pour coup..! Tendre la joue..? Connais pas ! Sans sommation je te dis..! Ce qu'il faudrait, c'est envoyer la mitraille de sourires, tu sais bien, le groupement d'intervention anti-questions, ça défouraille à la positive attitude, pluie de marshmallows..! Que vous êtes beaux, que vous vous aimez, une vraie famille fourrée aux marrons..!!

Avoir des loisirs.
Passer le temps.
Se changer les idées.

Tout un programme. Je le note.
Je le peux, j'ai de l'entrainement, le matériel, oui, je peux tenir le siège, envoie l'encre et le papier, tout dans la caboche, les fards et buvards au placard..! Eh, Léo, qu'est-ce que tu fous, prend du vin pour la route, renverse tes chaises..! Vivre assis, c'est ce que tu veux..? Ou mieux, à genoux, allongé, transi comme un renard galeux dans sa tanière perméable, à l'affût du miracle qui ne viendra jamais..??

Tout est en toi. Tu n'as besoin de rien. Laisse ta part aux autres bordel, prends le maquis, t’espère quoi, la médaille en chocolat..?! Fouineur, arrête de fouiner..! Compte plutôt tes cervicales, arrête de rentrer la tête, t'attends quoi, la soudure..? Alors tu ne vaux pas mieux..!

Oh, c'est facile de juger, quelle aisance..! Le plaisir de la diatribe gratuite monsieur, voilà à quoi se résume votre bouillie emphatique..!

Alors, filer, cheveux au vent, reprendre le radeau de la nuit jusqu'à ce que les premières lueurs nous arrachent de la couche infâme. Celle de dessous, celle de dessus, celle de dedans. Tenter d'approcher le rocher à tâtons. Serrer fort à s'en cisailler les paumes. L'escalader par la face vierge. Grimper encore.

Tu sais quoi..? On est pas si mal finalement sur ce petit rocher. Tu comprendras trop tard.

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