vendredi 15 décembre 2023

Christian name Christian

Tu es entré dans ma vie par effraction. Et du coup moi dans la tienne. Vu les circonstances, nous n’étions pas faits pour nous entendre. On ne s’est jamais dit grand-chose, d’ailleurs. Et il est maintenant trop tard pour en parler. Et puis cela aurait gêné ta pudeur.              
Mais des choses, on en a fait. Et tu en as fait beaucoup pour moi, pour nous. Plus d’une fois tu as dû avaler ta salive, serrer les dents et fuir, craignant peut-être en me faisant remontrance que je te rétorque que tu n’avais rien à me dire car tu n’étais pas mon père. Je ne suis pas certain que cette classique et terrible phrase fut le genre de chose qui aurait pu sortir de ma bouche, mais sait-on jamais, tu as bien fait.       
      Tu t’es installé discrètement dans nos vies, d’où peut-être ta démarche chaloupée. Je me doute que ce n’est pas la place la plus facile à occuper, dans la tête d’un enfant de dix ans, celle du destructeur de famille. D’autant que l’autre semaine, je voyais, impuissant, mon père sombrer. J’ai grandi trop vite, l’histoire semblait trop simple pour qu’il y ait des méchants et des gentils. On dit comme ça « c’est la vie ». Ta délicatesse et le fait que mon père en veuille aux circonstances et non à ta personne ont aidé à la manœuvre.     
      Oui, on en a fait des choses. Avec toi, j’ai découvert la peinture, la perspective. J’aurais même pu me perfectionner en dessin à tes côtés si j’avais été un tant soit peu doué à la base. Mais je préférais regarder ta main, comme guidée par un pouvoir magique.     
The Needle and the damage done, qu’on jouait à la guitare, cette guitare qui restait souvent dans un coin, comme si tu évitais de trop toucher à ce domaine réservé à mon papa, avec qui j’apprenais dans le même temps mes premiers accords.              
Écouter la musique au taquet. Combien de fois t’ai-je surpris allongé sur la moquette, te croyant seul, la tête entre les enceintes, un microsillon sur la platine, à faire trembler les vitres..? À fort volume, la musique n’a plus rien à voir, on la prend dans la figure, elle nous emporte, on peut entendre la glotte, la respiration, le médiator sur la corde, le silence qui devient immense, la dynamique prend alors tout son sens. Chaque fois que la maison se vide et que je pousse le volume, j’y suis.              
Puis on a fabriqué un grand bassin rond avec du ciment et des pierres, agrémenté d’un moteur de machine à laver pour alimenter la fontaine en circuit fermé.  
Tu nous as fait découvrir le tir à l’arc, on visait un vieux matelas sur lequel on avait dessiné toutes sortes de cibles, on rigolait bien, sauf maman quand le voisin a rapporté une flèche en carbone qui avait traversé la clôture.             
On campait. On fabriquait des trucs avec nos laguioles.                
On a aussi monté des murs en parpaings en plein cagnard, coulé des piliers, de ce qui aurait dû être notre future maison. Tu faisais des calculs incompréhensibles bardés de symboles bizarre pour préparer le béton.    
On a démonté un moteur de voiture dont j’ai toujours une soupape qui trône sur une étagère, et une tête de piston qui sert de cendrier, dans lequel je n’écrase plus mes mégots, car moi aussi j’ai vieilli.
J’aurais aussi pu apprendre l’apnée et la plongée, le ski, l’escalade, si j’eus été moins trouillard. Mon frère s’est régalé pour moi.           
      Mais bon, on n’a jamais parlé, de tout ça, ni de rien d’autre d’ailleurs. Quand on discutait un peu, on regardait au loin pour pas être gênés. Et maintenant, il est trop tard. Tu vas partir en fumée, ce matin. Maintes fois j’ai pensé à te rendre visite, mais après tout ce temps, j’ai eu peur de troubler ton quotidien. Je m’en veux, même si c’est ridicule, car qu’aurais-je pu t’apporter..? Un peu de quiétude passagère, te rassurer sur ces jolies années traversées à tes côtés..? Cela n’aurait sûrement pas suffit à contrebalancer la dégueulasserie du monde, et le fait qu’il y a des personnes qui ne sont pas armées pour affronter l’incongruité de la vie. Tout nu contre une armée. Quand on dessine comme toi, ce doit être compliqué de se dire qu’à la mine de plomb certains préfèrent uniquement le plomb. Il est trop dur de traverser l’existence en gardant tout pour soi. Il faut que cela sorte ou ça nous emporte.
      Tu emporteras tout avec toi. Tes luttes, tes misères, et surtout ton savoir. C’est un gâchis monumental. C’est injuste. La seule chose qui me console, c’est de te savoir libéré de tes tracas.
Mais cela ne suffit pas.

     J’ai dû annoncer ta mort à mon père. Malgré ses excès et son âge supérieur, il t’aura survécu. Sache bien que loin de s’en réjouir, il était à la peine. Une partie de sa vie va aussi partir en fumée. Question de circonstances.




 

samedi 31 octobre 2020

E viva la dolce vita..!



Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien, et par des fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Il fallut quêter pour enterrer Béla Bartók.
Pour toi, je n’en sais rien Jacquot, ni où et quand ton cœur frappa sa dernière pulsation. Au fin fond d’un lit colombien, les ventricules usés par la lassitude et l’ennui..? Sous les néons blafards d’un dispensaire, dans un dernier soubresaut, vainement stimulé par une perfusion inopérante..?
En fait, je m’en fous. Car je te sais débarrassé de ce temps qui pesait sur tes épaules et t’engonçait dans ton costume de chair. De cette vieillesse qui te diminuait et te faisait horreur, toi le fort en gueule, le tronçonneur de platanes, le testeur d’échelle de cordes, le baroudeur.
Tu es le premier à laisser vacante ta chaise à l’Union du Steak Libre, logique respectée, puisque tu en étais le doyen. Ce fut d’ailleurs la seule à être respectée, en ces vendredis midi exaltés, lorsque sous l’emprise des polyphénols et du courroux déclenché par un quelconque ministre, volaient les noms d’oiseaux et les postillons franchissant la barrière de tes bacchantes, encore témouines de l’engloutissement de la dernière part de tropézienne.
Tu nous laisses un peu flottants, et même si tu étais loin, ça fait comme un trou dans la poitrine. Alors pour combler cet espace, je vais basculer le bras de la platine sur le vinyle de Paolo Conte que tu avais apporté dans tes bagages quand maman est partie et que tu es venu t’installer à la maison pour nous aider à remplir le vide, un vide que tu laisses à ton tour aujourd’hui.

E Viva la dolce vita, le belle ragazze e inferno..!




samedi 14 juillet 2018

samedi 7 avril 2018

vendredi 16 mars 2018

Laurent n'aime personne

"Ne sois pas triste ou amer, l'argent est une folie, l'argent est une impasse, l'argent est une chimère, l'argent est une catin, l'argent est un venin qui corrompt les cœurs, abîme les âmes et salit tout ce qu'il touche. Ta seule richesse, c'est ton esprit grâce auquel, si tu prends soin de l'entretenir comme il se doit, tu te procureras mille ivresses qu'aucune somme d'argent, aussi mirobolante soit-elle, ne te donnera jamais tant il est vrai que l'argent, lorsqu'on n'en possède pas, devient vite une obsession, et quand il coule à flots, une fixation que rien n'apaise." Laurent Sagalovitsch.



Pour visiter son blog plein de fulgurances, de clairvoyance - appelez ça pessimisme si vous êtes peureux - et de trucs qui rabotent là où ça fait du bien, c'est par .
Rien que les titres ça donne envie de descendre de son petit rocher. Jubilatoire, même et surtout quand je ne suis pas d'accord avec lui, de bons arguments teintés de mauvaise foi et une lucidité implacable, il sait manier le verbe et l'outrance, je suis client..!
De son rêve de faire bouffer son Scrabble à sa belle-mère à son amour des chats, en passant par son dégoût de l'argent ou de la chasse, ses crises d'angoisses et ses portraits de célébrités remises à leur juste place, rien n'est suspect chez ce type tiraillé dès la naissance entre séfarades et ashkénazes. Ce billet seul vaut déjà le détour, que l'on soit feuj ou pas. Car ici le communautarisme n'est pas de mise, on entre comme on est. Et on en ressort meilleur.


"Si les introvertis gouvernaient le monde, ça n'irait peut-être pas mieux mais au moins on aurait la paix
."


samedi 30 décembre 2017

Jupiter

On se lève le matin et tout va de travers. La nuit vous a donné du fil à retordre. Dans la rue les marteaux-piqueurs hurlent. Vos côtes vous lancent. Les finances sont au plus mal. Ce reflet dans l'écran blafard ne vous met pas à votre avantage.

Il reste une seule solution pour que je me sente encore un homme. Personne, à part moi ne peut me l'offrir, moi et mes poches crevées, afin que mon paletot redevienne idéal. Ni le dernier sultan, ni le premier personnage de l'état. Tirer du néant. Arracher des lambeaux de vie là où elle se trouve, tapie dans l'ombre.

Ma dernière cartouche. Ce putain de douzième morceau qui se refuse. Prendre des p'tits bouts de trucs et puis les assembler ensemble, en attendant que faussement il surgisse. Ce demi-riff qui traîne en tête, une envie d'en découdre mais rien de plus, essayer de rafistoler quelques poupées de chiffon. Alors on brode, on brode, puis le fil s'épaissit...
Il n'y a pas de règles, pas de limites, pas de lois, rien n'est écrit. On est seul avec soi-même. Personne à appeler à la rescousse. Quelques grappes de notes, quelques bribes de texte, c'est un bon début mais rien qui ne laisse présager la f orme finale, l'enveloppe précise. On tente des trucs hasardeux, parfois vraiment ridicules, à deux doigts du forfait, puis là d'un coup ça fonctionne.
On tourne la pièce du puzzle et elle s'encastre correctement. Un bon début. Continuer à chercher plus tard..? Non, plus tard j'aurai peur d'abandonner, il faut finir dans l'instant, dans l'élan, il me faut aller tout au bout aujourd'hui, avant que le soleil ne se couche, mettre toute la gomme, allez, je peux le faire, elle est là, dans la paume de ma main..!

Ce matin elle n'existait pas, et la voilà, la dernière, elle s'appelle Jupiter.





Dans l’antre des alcôves
Feulent nos gueules fauves
Filent nos prés carrés

Tapies dans la pénombre
Rouillent nos bouilles sombres
Et parlent au passé

Ruminent à loisir
Le brûlant souvenir
D’être passé si près


Évanouissent nos frondes
Polissent nos facondes
Nos griffes acérées

Dans l’ordre et le silence
Somment nos révérences
Pourtant il suffirait

D’une pauvre étincelle
Pour que sonne l’appel
Et prenne le brasier

Sur Jupiter
Par Toutatis
Que fusent les feux d’artifice

Roi, fainéant
Qui donc vaut rien ?
Et que chantent les lendemains

Hommes de rien au hasard
Traversent gares hagards
Limons aux yeux collés

Laisse au moins leur chandail
Toi tes épouvantails
Filin d’acier doré

Je garderai ma voix
En supplice chinois
Même la gorge tranchée

Qu’une pauvre étincelle
A la rue sans appel
Enflamme le brasier

Sur Jupiter
Par Toutatis

Que fument les sourires complices

Cynique, extrême
Ou bien blanc-seing ?
Et que chantent les lendemains

Même la gorge tranchée
 (simon polaris - album "le reste du monde" - sortie février 2019)

dimanche 17 septembre 2017

Des haillons d'argent...

Nous ne gagnerons jamais. Je le sais depuis le premier instant, depuis que tu m'as regardé comme un petit animal souffreteux Delphine, alors que je n'avais même pas la morvelle qui traçait ce petit sentier entre le nez et la bouche, ni les cheveux hirsutes, peut-être ce jour-la n'avais-je même pas non plus de pièces aux genoux. Pourtant j'ai compris que je ne boxais pas dans la même catégorie. Pas celle de l'envisageable. En fait j'aurais supporté de me sentir amoindri, preuve de mon existence, mais pas un ectoplasme, le néant, comme une petite mort mais avec le cœur qui bat très fort. Pourtant je ne vois pas ce que le magasin de chaussures de ta maman avait de plus que l'atelier de mon papa. Ah si, sa devanture, claire apparence. Je me suis souvent demandé pourquoi nous aussi on avait pas une grande vitrine comme ça. Peut-être que la poussière et la transpiration, ça se cache.
J'étais toujours juste derrière toi Delphine. Quand nous étions en rang deux par deux, quand tu jouais à l'élastique, quand nous levions le doigt, et surtout quand le maître rendait les compositions.
Second, toujours second, j'avais beau avoir vingt en dictée et en récitation, lors des comptes finaux tu finissais toujours le trimestre sur la première marche. Non que ce fut injuste, c'était une place bien méritée, peut-être mon goût pour la compétition était-il déjà proche du zéro pointé.
Un jour, j'ai essayé d'apparaitre dans ton champs de vision. J'ai osé t'adresser la parole. Au bout de trois ans de vie commune face du tableau noir, je t'ai demandé si tu pouvais m'aider à repasser Le Dormeur du Val, toi qui comprenait bien qu'on ne respire pas entre "haillon" et "argent". Il faut croire que si. Tu ne m'as même pas répondu.

J'ai compris Delphine. Je n'avais plus qu'une seule solution pour exister. Je suis désolé, je ne voulais pas te faire pleurer, je voulais juste que tu me regardes, au moins une seule fois comme ton égal, comme ces mensonges frappés sur le fronton de notre école. Alors oui, j'ai cravaché comme un fou, passé mes jours et mes nuits à faire valser les tables de multiplication dans les deux sens, à traquer ce traitre de COD, à ingurgiter les dates de nos tristes rois. Ce fut difficile car tu étais surdouée et brillante en tout et qu'il y avait toujours du bruit à la maison et de bonnes raisons pour aller jouer dehors, mais le trimestre suivant je t'ai volé ta place. Arrachée des mains. Tu étais détruite, rougie de pleurs et de haine, à toi la morvelle. Tu m'as bien vu ce jour là, même le visage caché dans tes mains, quand j'ai gravi l'estrade.


Je serais journaleux à Libé, je pourrais écrire que cette victoire à la Pyrrhus ne fut que de courte durée. Mais il me reste ma dignité. Alors j'écris ici, peut-être pour personne, seul, mais libre. La reconnaissance je la laisse sur le bas-côté, ce n'est pas elle qui me construit. Le chemin importe plus que le but. Je rends la presse des vendus à ce qu'elle mérite, la litière des chats.

Je n'ai pas réitéré l'exploit. Les efforts pour me maintenir en tête m'avaient trop coûté. Un costume flottant. J’avais été obligé de faire taire le chant des sirènes, bâillonner mes désirs et pulsions, de garder la tête dans le guidon et laisser défiler le paysage sans n'en rien croquer. L'impression de bâtir sa propre prison. Je savais maintenant que je pouvais le faire, cela m'était suffisant. J'en avais la possibilité, je ne valais pas moins qu'eux. J'avais plus de plaisir à feindre de ne pas voir que tu me copiais Paul, je n'ai jamais aimé cacher ma feuille avec mon coude, geste cruel, manque de fraternité détestable. Que cela m'enlevait-il..? Malheureusement, je subodorais que tu reprenais des pans de phrases entiers et que la supercherie serait découverte à la première ligne. Tes parents divorçaient, tu avais l'air déchiré en deux, tu sombrais, tu ne méritais pas ça plus qu'un autre. Je ne savais pas encore que l'année d'après ce serait mon tour pour le grand tiraillement. Tu sais, de toute façon, ceux qui ont les meilleures notes ne sont pas forcément ceux qui ont le plus travaillé. Ceux qui ont les plus grosses voitures non plus.

"Oui not' Monsieur, oui not' bon maître."


Non, nous ne gagnerons jamais. Le petit peuple a beau être le plus nombreux, il ne possède pas la culture suffisante et surtout la prétention nécessaire pour renverser la pyramide. Il n'a pas les dents assez longues et blanches. Quand il en a. Il n'a pas de conseillers en communication. De plan de carrière. Il ne voit pas plus loin que demain, il n'est pas organisé, ne se serre pas les coudes, et tout est fait pour que ça dure. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, quoiqu'on en dise, nous manquons d'arrogance.
Trois cent familles tiennent les rênes et les muselières. Ils sont riches, puissants, fiers, moralisateurs, tricheurs, mais couards. Ils vous disent que ce sont eux qui prennent les risques mais ce sont des poltrons, des pleutres. Le vrai risque, c'est de monter tous les jours sur un échafaudage, de braver la silicose, l'emphysème, le froid, le soleil, de rouler dans une voiture fatiguée, de manger des aliments toxiques, d'être mal soigné, et non de perdre de l'argent. Tout ça sans la gloire. Tout ça en baissant la tête, en tenant son rang. "Oh, ça, ce n'est pas pour nous", disait-il. Tout dans la génuflexion, tout dans les lombaires.

"La vérité n'est pas du côté du plus grand nombre, effectivement, parce qu'on ne veut pas qu'elle y soit. Le jour ou le plus grand nombre sera à même, par sa culture et ses connaissances, de choisir lui-même sa vérité, il y a peu de chance pour qu'il se trompe." Boris Vian.

Alors oui, nous ne gagnerons jamais, mais nous avons pu lire dans vos yeux l'effroi, et cela est déjà gigantesquement jouissif, en soi une petite victoire. Cette peur panique est sûrement moins grande que celle de ne savoir comment nourrir ses enfants ou payer son loyer, mais de vous voir imaginer perdre vos résidences tertiaires, vos domestiques, vos voitures allemandes, votre pouvoir d'achat, votre catégorie, votre condescendance, et vous envisager nettoyer vous-mêmes vos fumures, sans blasons, c'est un peu voir la buée sur tes lunettes Delphine. Alors que comme pour ta première place, nous ne l'envions pas forcément. Juste un peu de pudeur, et de partage.
N'oubliez jamais qu'ils ne sont pas plus intelligents que vous, pas plus trimeurs, pas plus courageux. Tout le monde peut monter sur le podium, si tant est que cela puisse quelque peu intéressant. Vous n'avez pas à rougir ou à regarder vos pompes, relevez la tête bordel, l'intelligence n'est pas que le savoir et l'éducation, elle est aussi ce que l'on veut en faire..! Ne pas avoir de Rolex, pensez bien que c'est parfois aussi un choix, seuls les plus abjectes pantomimes pensent qu'un poignet nu est synonyme d'échec, alors qu'on peut simplement trouver cela grotesque, inutile et laid.



Avez-vous vu la peur perler leur front quand ils serrent les dents pour nous prouver leur grande témérité..? Ils cherchent à vous impressionner, roquets de basse-cour, afin d'être bien sûr que vous ne viendrez pas lorgner dans leur gamelle. Ils vous culpabiliseront, vous piétineront, vous humilieront, tenteront de faire de vous des sous-hommes. Ils vous tyranniseront, vous agresseront jusqu'à ce que vous craquiez, que vous mordiez la main au lieu de la lécher, et cela fera de vous un dangereux individu..! Ils vous feront profondément entrer dans le crâne que la violence c'est un col de chemise déchiré, pas un bélier dans une porte à six heures du matin devant les gosses. Ni leurs mensonges étalés en devanture, ni leurs revirements spectaculaires..! Ni leur arrangements en catimini, ni la manière qu'ils ont de dresser le petit contre le tout petit..! Vous êtes coincés..! Ce sont eux qui décident pour vous..! Écoutez-les réciter leur catéchisme, si le pays va mal, c'est parce que vous ne faites pas d'effort, salauds de pauvres..!!

"On veut que tu sois faux dans le secret des urnes,
ou bien que tu sois vrai dans la fosse commune."
Eiffel.

Alors attention, si vous ne voulez pas être cloué au pilori, pas de vagues, ne débordez jamais du coloriage. A vous il ne sera jamais rien pardonné, surtout pas un mot plus haut que l'autre, le couteau dans le dos ça passe, pas la grande gueule..! Tout est déjà tracé..! Quelle époque formidable..! Écrivez donc une chanson sur la mort d'un torero encorné et vous choquerez l'assistance : comment, quelle outrecuidance, mais cet homme avait une famille, comment peut-on se moquer de ça..! Vite, le CSA..! Ce qui choque, c'est le geste, pas le fait. La torture tauromachique reste une tradition, l’encornement d'un grotesque danseur à paillettes un drame national..! Tentez-le autour de vous, vous verrez, la moindre tentative d'insoumission à l'ordre établi, si stupide, injuste et jupitérien soit-il vous attirera les foudres des conservateurs de tout poil. Vous vous ferez traiter de facho, de collabo, de dictateur... Ils louent la liberté en vous exhumant des catastrophes historiques réécrites par les vainqueurs ou d'autres prophétiques car ils savent qu'elles leur laissent le champ libre pour vous mettre un tour de vis. Tu n'es pas content, tu as vu ce qu'il se passe ailleurs..!? Le genre de raisonnement implacable, tu as une jambe cassée, te plains pas ça pourrait être les deux..!!
Ils ont trop peur que le moindre grain de sable enraye leur machine, leur don annuel aux restos du cœur suffit pour leur conscience, ensuite pour la moralité il existe plein de périphrases longues comme le bras pour s'en acheter une...


Je ne me suis jamais battu pour ma pomme. Je ne suis pas fanatique de la nature ou des animaux, mais je ne supporte pas l'idée que l'on soit en train de démolir tout ceci pour quelques profits privés, à grands coups de mensonges sur papier glacé.
Je suis un petit blanc hétéro comme on dit, qui n'a jamais eu à souffrir de la faim, et j'ai un patronyme à jouer dans le corniaud. Pourtant j'ai pris des coups, des risques, fait des choix qui ont remis en cause mon confort, mon futur, tout ça pour un idéal, pour une philosophie de vie, et pour mener cette vie en adéquation avec mes convictions. Je n'ai de leçons à recevoir de personne.
Je n'aurai peut-être jamais de costard, non parce que je suis un fainéant, mais parce que je n'ai pas envie de ressembler à un pingouin. Ni de chaussures cirées pour affronter les ouragans évanouis. Et surtout, golden boy d’opérette, maquignon de supermarché, sache que je n'ai aucun complexe d'infériorité. Je suis bien où je suis, je ne me fais pas aveugler par les phares de vos célébrités fortuites, je ne t'envie pas en secret, j'aimerais juste qu'une fois la honte empourpre ton visage. Juste une fois. Regarde-toi. La jeunesse n'est pas une vertu, être bien-né non plus. Alors continue à lécher tes amis, bien dans les plis, ces quelque-chose qui ne trainent certainement pas dans les gares grâce à leurs jets privés. Quand à moi, je vais regarder s'écrouler les pans de ce modèle tant célébré, et reprendre ma sarbacane pour souffler vers l'azur et les aéroplanes.
Nous n'avons rien, donc rien à perdre.
Tu me trouves cynique, extrême..? Ce n'est pas moi qui ai commencé.

mercredi 13 septembre 2017

Le Goéland


- Je comprends pas.

- Tu comprends pas quoi ?
- Ce qu'elle t'apporte.

- Rien.
- Comment ça rien ?
- Non, rien.
- Ben alors, ça rime à quoi ?
- Elle m'apporte rien, elle m'enlève des choses.
- C'est la meilleure tiens !

- Oui, elle m'enlève mes soucis, elle m'enlève le poids des ans, la misère, la famine, la peur de la mort, et toutes ces saloperies de questions existentielles qui te rongent jusqu'à l'os, voilà ce qu'elle m'enlève, je suis tout léger tu comprends, je suis un goéland, un putain de goéland..!




lundi 31 juillet 2017

Jeanne..!


Bon et bien cette fois je crois que ça y est,
approche-toi de Marielle salope de faucheuse et je te crève les yeux..!

samedi 29 juillet 2017

Tout ça pour ça



A l'ombre des derricks des ombres faméliques
On entasse les liasses ou les corps c'est selon
De coups de Trafalgar en de vils coups de triques
Et sur ton de coups bas mille coups de bâtons

Quand les terres brûlées grouillent de peur panique
A chaque main coupée pour un pauvre quignon
Commissions cravatées de discours apathiques
G20 contre j'ai faim entament discussions

Tout ça pour ça

Une poignée du globe tient en laisse la fabrique
Qui avance courbée le râble à l'unisson
Il manque un peu de claques à toute cette clique
Canular impudique moteur ça tourne action

Le patron des patrons en climatosceptique
Hâbleur philanthropique empilant les millions
Presse le champignon fonce supersonique
Là tout droit dans le mur et les lamentations

Tout ça pour ça

Là dans l’œil qui chenille un fond d'éclair magique
Semble surgir des limbes, un certain tourbillon
Éclaire alors la rue d'un regard bucolique
Mais pense à la croissance mon petit papillon

Tout ça pour ça
 
Les apprentis-sorciers s'adonnent au transgénique
Et jouent à pile ou face avec nos fondations
Les petits épiciers fuient dans l'arrière-boutique
Et pour les onze coups nous préparent le bouillon

En lambeaux de papier nos oripeaux éthiques
Le tube cathodique surchauffe à pleins poumons
Utopies passagères déclarées hérétiques
Pourriez-vous au moins vous frotter au paillasson..?

Repense à la croissance petit papillon
Re-repense à la croissance petit papillon
Croître indéfiniment mais pour combien de temps
Croître indéfiniment mais pour combien de temps..?

 (simon polaris - album "le reste du monde" - sortie 2019)
batterie stéphan notari - son guyrOOts

vendredi 28 juillet 2017

Ha ha..!


Ben oui je m'marre, j'me fends la gueule même..!
Tu vois pas que c'est une grande farce..?!
Qu'on va tous crever comme des cons, plus rien, le néant, et tu voudrais que je me morfonde, que je prenne les choses au sérieux, que j'en fasse toute une histoire, un pataquès..?
Tu crois vraiment que ça vaut la peine de se faire du mouron..?
C'est cuit ma poule, terminarès, t'as beau prendre tes grands airs, t'es dans la file, comme tout le monde, beau ou moche, mince ou gros, riche ou pauvre..!

C'est même pas marche ou crève, c'est marche et crève, ou même reste assis et crève aussi, alors permets-moi d'me marrer, permets-moi juste de m'marrer deux minutes avant d'passer l'arme à gauche..!

lundi 24 juillet 2017

Merci Anne.


Je viens d'apprendre votre disparition Anne Dufourmantelle.
J'aurais aimé pouvoir vous dire à quel point vos livres "Éloge du risque" et "Puissance de la douceur" ont transformé ma vie, m'ont aidé à devenir l'homme que je suis en train de devenir.
Je suis triste d'imaginer un monde sans vos lumières.
Vous êtes partie en tentant à nouveau d'aider votre prochain. En prenant le risque de vivre. La classe.

Merci encore.






lundi 8 mai 2017

Sondage...


Charb, tu me manques.

mardi 14 mars 2017

Guy n'est pas mort, il bande encore..!


Mon Guy, j'espère au moins que tu auras eu le temps de dégainer ton double-fuck face à la faucheuse, en guise de bonjour. Je ne sais pas s'il y a une vie après la mort, mais ce dont je suis certain, c'est qu'il y en a une avant, une dans laquelle je t'ai connu, une sans morale, une dans laquelle les salauds partent parfois en dernier.
Tu n'auras pas droit au deuil national, bien que tu aies davantage de talent que Johnny, mais à l'annonce du message fatidique j'ai entendu d'ici un coup de tonnerre frapper la Plaine pour mieux la plonger dans l'obscurité.
J'ai souvent pensé à ce moment, et en fait il est moins douloureux que prévu. Car tu es toujours là, ta putain de voie rocailleuse résonne dans la grande bibliothèque vocale de ma caboche ad libitum. Personne ne pourra me voler tous ces moments de vie unique partagés. A toute mon bicou.

mercredi 1 mars 2017

Héraclite ou Parménide..?


Parce qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve...

lundi 27 février 2017

Maquillage...


je n'aime pas
c'est camouflage
c'est pas pour moi
c'est camouflage
et je n'aime pas
maquillage

vendredi 28 octobre 2016

Les yeux collés



On y est, tout le monde avance d'un cran. Je n'ai plus qu'à jouer les deuxièmes lignes, ce qui me changera des seconds couteaux. Après avoir déjoué les pronostics depuis des lustres, les dix-huit pour cent de ton cœur encore actif auront rejoint les quatre-vingt deux autres évanouis. Te voilà enfin débarrassé de ta carcasse devenue prison. Ce n'est pas triste. Juste bizarre de se dire que tu n'existes plus. La mort, même si elle nous prive des gens n'est pas triste, tant qu'elle reste dans l'ordre des choses et qu'elle n'en devient pas intolérable. Non en vertu d'un après où de je ne sais quelle connerie pour vivant à rassurer, mais parce que moins nous refoulons l'idée de la mort et plus nous osons prendre le risque de vivre.
Alors oui, tout le monde avance d'un cran, on doit pas être bien sur ses guiboles papa, le nez au portillon. Je garde de vous, en dehors de mon patronyme, une sensibilité extrême dont l'époque ne raffole pas. Aucune époque d'ailleurs peut-être. Un homme doit être fort, et quand on est un homme, on ne pleure pas.
J'ai essuyé tes larmes cet été, les larmes d'un homme qui, réduit à l'état de chose, de tas de douleur et d'ennui face aux murs gris pâle était encore capable de donner la taille du calibre des coques, de s'émerveiller d'une anecdote, de s'inquiéter du sort de son prochain, et de raconter à mes enfants la légendaire histoire de ma première conjonctivite et de ma détresse devant mes yeux collés, avec laquelle tu m'as tant charrié tout au long de ma vie. Et qui m'a parfois tant mis en colère. Tu n'as encore pas pu t'empêcher. Alors que tu ne tenais même plus allongé.
Tu as réussi à pleurer de joie ce jour-là, et de tristesse devant la réalité de cette fin de vie sur laquelle nous n'avons aucun pouvoir, sur laquelle la volonté n'a aucune accroche. Le grand écart des larmes, l'ample sinusoïde des sentiments, à laquelle tant de nos contemporains sont allergiques ou hermétiques. Tu aurais aimé te dresser sur tes pattes pour venir à la pêche avec tes arrière-petits-enfants, leur montrer comment on appâte, même avec quatre doigts, mais hélas on ne peut lutter contre l'érosion des chairs et des os. J'ai senti au fond de toi tellement de choses remuer. Je leur montrerai va, j'ai piqué en héritage tes bouchons et tes cuillères qui brillent toujours autant.
Cette sensibilité, que j'ai tant voulu cacher, que j'ai si souvent tenté d'ensevelir en jouant à l'autre, qu'on a parfois tenté de m'arracher, je la garde à présent en moi et hors de moi comme un joyau précieux, elle fait partie de mon être, elle me défini, me correspond, m'accompagne, me sied.
Tu as décidé de partir en fumée, comme quoi on peut surprendre jusqu'au bout, ton sale caractère ne pouvait pas pourrir entre six planches. Je suis sûr qu'elle exhalera un peu les menthols que nous fumions au balcon quand il te plaisait de te remettre à ce vice pour un instant à la sortie d'un repas, juste pour m'accompagner, être jeune à nouveau, narguer la faucheuse. Comme autant de ces mégots que j'ai foulé du pied, ces blisters roulés en boule, ces filtres torturés, ces moments d'éternité où l'on est invincible. J'ai arrêté de fumer aussi tu sais, je vieillis.
Mais si je tiens le coup assez longtemps, je compte bien un de ces jours, l'ombre d'un instant, ravaler la fumée et les conseils stériles pour partager avec un de mes descendants quelques bouffées d'éternité. Papy, j'ai les yeux collés.

dimanche 4 septembre 2016

Spirit of ecstasy...


En mes mains, le lourd pesant de ton métal..!

mardi 30 août 2016

mercredi 24 août 2016

Enfin..!



Merci Jean-Paul...

mardi 23 août 2016

La résilience



Dernier texte du dernier morceau du dernier album... Plus qu'à composer la musique.
Mais pourquoi diable est-ce si dur d'achever quelque chose..?!




On eut beau me jeter aux chiens

En moins que rien
Même en se trainant l'on avance
Je ne crains les longues distances
A la chaleur d'un contrepoint
La résilience


Parfois campé tantôt bancal
A chaque escale
Tenter et retenter sa chance
Malgré les failles et turbulences
J'ai repris ma forme initiale
La résilience


Non rien n'est écrit dans vos astres
Aucun désastre
Aucune liesse par avance
Prenons notre mal en patience
Jouons quelquefois les pilastres
La résilience


Et si parfois débarque encore
Sombre et retors
Le fantôme de mes silences
Crois donc en cette force immense
Qui charrie ses flots dans mon corps
La résilience


Ce qui ne tue pas rend plus fort
Je fais le mort
Joue le banjo de Délivrance
En attendant la transhumance
Et je fais fi des coups du sort
La résilience

 (simon polaris - album "le reste du monde" - sortie 2019)

samedi 20 août 2016

Barrez-vous tous..!





Barrez-vous, cassez-vous tous de ma maison, que j'ai tiré de terre de mes mains, dont j'ai raclé, redessiné, empilé, enduit chaque pierre; barrez-vous tous, monstres hirsutes, casseurs de jouets, briseurs de rêves, futurs dictateurs ; tirez-vous et emmenez vos parents aux cheveux filasse, aux teints blêmes malgré l'exposition prolongée à l'astre, aux pieds crasseux de leur osmose boueuse avec tout support, au bien-être factice dégoulinant de mièvrerie ; emmenez je vous en supplie au loin leurs phrases toutes faites, verbiages pompeux régurgités en cascade d'une cavité à l'autre, orgie de mauvaise foi patentée mêlée de suffisance, et emmenez surtout leurs prétentions médicinales définitives et leurs interprétations psychosomatiques puériles, leurs conseils paternalistes arrogants et sentencieux, leur lâcher prise impudique et désastreux, leur éclaboussante munificence salvatrice d'un monde en péril dont ils ne sont que le contrepoint barbare, rétrograde et néophobe, exhibant comme des sexes écartés leurs égos boursouflés de confiance ; barrez-vous donc faire le bien ailleurs si les résonances de mon logis n'entrent point en connexion avec vos ondes énergétiques, et surtout n'oubliez pas vos clébards aux tronches antipathiques, tristes projections de vos fumures, ilotes inconscients de votre pathétique petitesse, prisonniers de vos caresses systématiques et de vos su-sucres corrupteurs, faux amis à l’œil larmoyants ; barrez-vous je vous dis, vous êtes l'antonyme de l'effet présomptif, votre seule présence dans une pièce, le tas d'insanité qui dégueule de vos bouches gâtées, le flot de mensonges éhontés qui inonde de postillons l'auditoire justifie à lui seul le libéralisme sauvage, les guerres, la violence faite aux femmes, aux enfants et aux animaux, la torture et la peine de mort.
Je préfère encore la compagnie des mouches, des métastases et l'obscurité.



jeudi 24 mars 2016

Cher Printemps...




 
Tu peux revenir, prétentieux, avec ton cortège de bourgeons, et ton pouvoir indicible d'allumer sur la figure de mes contemporains un sourire niais, je t'attends de pied ferme, tu ne me foutras pas une seconde la gueule sous terre, tu auras beau me remplir les naseaux de platane, tu ne me feras pas verser une goutte, j'ai les pieds bien campés sur la terre ferme, la tête trop haut dans les nuages, et dans cette tête trop de choses qui me font courir pour avoir du temps à perdre à m'appesantir sur ta tronche de premier de la classe..!

mercredi 27 janvier 2016

Salut Christiane..!


Enfin, tu te tires de ce nid de guêpes, de cette réunion du renoncement, de cette impudeur étalée en vitrine..! Ils vont pouvoir remettre les gosses en prison pour leur apprendre la vie, penser que le chômage est conjoncturel, les homosexuels des déviants et ânonner quelques discours prémâchés.
Je ne sais pas comment tu as pu tenir tout ce temps. Si, peut-être, en pensant aux autres.
Merci pour Nietzsche, Verlaine et Levinas, ça fait du bien par où ça passe.
Du lyrisme bordel, du lyrisme..!

samedi 5 décembre 2015

Hiver et contre tout..!

Les mines sont renfrognées. Les sourires décatis. Il n'y a plus dans l'air cette légèreté et cette insouciance passagère à laquelle on a eu à peine le temps de s'habituer.
Est-ce le conflit au proche orient, la future guerre nucléaire russe ou les fusillades capitales qui pèsent sur les visages de mes contemporains..? Peut-être plutôt les difficultés à boucler les fins de mois qui ne vont point être améliorées par l'augmentation du timbre, du gaz et autres réjouissances..?
Vous êtes loin du compte, l'ennemi invisible est à nos portes, nos fenêtres, jusque dans nos lits, il arrive, c’est l'HIVER..!
Si seulement il avait un visage, on pourrait lui taillader, l'immoler ou le larder d'acide, malheureusement, comme tous les salauds, il avance masqué..!
Je n’ai jamais réussi à comprendre comment la météorologie pouvait jouer autant sur le moral et l’appétit de vivre de l’espèce humaine. Quel fieffé mécanisme interne peut bien ensevelir tout à coup
tout désir, toute passion, juste parce que la terre poursuit résolument son orbite autour du soleil…

En moi, il brûle un feu ardent, semblable aux premières buches qui enflammeront l’âtre le moment venu de la première allumette, que l’humanité semble vouloir repousser chaque jour grâce à son effet de serre, bardée d’un narquois sourire, en prévision du jour ou le marcel en résille sera la tenue réglementaire obligatoire.

Si tu regrettes la Tunisie et ses riads assommants, mais que tu te résous tout de même à supporter le climat tempéré faute de mieux, je ne peux lutter, mais viens tout de même à la maison, on jettera quelques pommes de terre dans la braise, en sirotant un grenache de derrière les fagots, calés au fond du rockin’chair. On se mettra un truc de circonstance, je sais pas moi, les mazurkas de Chopin, au hasard, et on parlera du bon vieux temps ou ces traitres de moustiques, malgré le ventilateur oscillant, venaient nous ponctionner leur décilitre quotidien…

Et surtout, ma chérie, va revenir le temps où nous nous blottirons l'un contre l'autre comme si nous voulions nous souder comme des parois de coffre-fort.