vendredi 17 avril 2015

la pluie...

Il pleut.
Pardon, il fait un temps pourri. Au cas où vous seriez passés au travers des gouttes, la pluie est dans la case pas bien. Elle fait l'unanimité. C'est rare de nos jours.
C'est chiant la pluie. On ne peut même pas dire que c'est la faute des arabes. Et surtout pas de dieu. Bon, en même temps, toute cette eau vitale sert au moins à remplir le creux des conversations... Trois semaines que l'on a pas vu une goutte, que la terre se craquèle et appelle au secours, mais la pluie c'est jamais bien, ça arrive jamais au bon moment, ça mouille, ça vient gâcher la fête, ça éteint le barbecue et du coup la vie elle est pas belle et bleue comme sur une carte postale comme on envoie du Touquet. Oups, pardon, ça c'est dans le nord (case pas bien), comme on envoie de Saint Tropez plutôt.


Maman, je crois que je suis pas normal. Je sais pas si c'est de voir la tête qu'ils font comme s'ils allaient mourir, mais moi la pluie ça me fait des trucs dans le ventre. Ah bien sûr je vais pas te dire que j'aime quand il pleut une semaine, je suis pas fou, mais bon, un peu comme là, ça me change du mistral. Je sais pas si c'est d'être né dans le pot de chambre de la Normandie comme disent les gens qui veulent faire qu'ils en connaissent un paquet sur les choses, qui fait que je crains pas trop l'humidité. C'est sûr, ça réveille un peu la mélancolie. C'est peut-être pour ça aussi que j'aime bien.  Ça donne envie d'écrire, de chanter, de marcher sous les gouttières en méprisant le rhume, de crier des trucs à une fille qu'on aime en secret et qu'on regarde disparaitre au loin sous les larmes du ciel. Ça donne du courage. Maman, s'il te plait, fais que jamais les hommes puissent décider du temps qu'il fait.



Aujourd'hui est un jour particulier. Je remonte au studio, en jachère depuis plusieurs mois. Tenter d'écrire des chansons. Reprendre le fil. Vivre. Je me sens un peu excité par ce défi, par ces accouchements difficiles et dont on ne sait jamais si la source est tarie, enfermé avec mon petit moi, à essayer de ne pas trop intellectualiser tout ça. Un peu seul aussi. Mais la pluie est avec moi...

Ça y est, je crois que je suis en train d'assembler les pièces du puzzle. Et de comprendre ce truc intestinal qui me lie à la Maison Tellier. D'avoir la clé pour pénétrer me mettre au chaud à l'intérieur. Ce n'est pas de venir du même coin, quoi de plus hasardeux et insignifiant dit ainsi. Je crois juste que cette cloche grise sous laquelle j'ai grandi, cette couverture commune, cet épais manteau bruineux me donne un accès privilégié à cette joyeuse mélancolie qui permet de cracher les mots les plus alanguissants avec le sourire. Envoyez les trompettes..! Tu as raison Helmut, ce n'est pas triste, c'est beau...!!