dimanche 28 juin 2009

Bertrand vs Romain...



Mince.
Comment allez vous faire, amis journaleux, chroniqueurs émérites, défricheurs insatiables, vous les spécialistes, professionnels de la profession, qui possédez cette plume fine et acerbe, prompte à séparer le bon grain de l'ivraie, en face de ce cruel dilemne..?
Vos mères n'ayant pas mis bas assez tôt pour vous permettre de vérifier qui de Verlaine ou Rimbaud pissait le plus loin, ni lequel faisait la femme, à qui il aura fallut un triste fait divers pour redécouvrir Noir Désir et leur chercher de facto une relève, des disciples, voire plagiaires, vous qui baignez dans la compromission, le léchage à l'envi, les raccourcis malhonnêtes, les réglages de comptes gratuits, comment allez-vous faire pour trouver une case où ranger le prochain titre d'Eiffel, sur lequel la participation de Bertrand Cantat vous coupe l'herbe sous le pied tel un rasoir poétique à vitesse fulgurante..?

jeudi 25 juin 2009

Aspérités...

L'époque étant apparemment entièrement vendue - même les cerveaux s'achètent et se lavent de plus en plus blanc ! - à la béatitude hagarde et ses frères d'armes que sont l'autopersuasion et le déni, et n'ayant pas encore trouvé le moyen de réparer cette foutue Doloréane, me voilà contraint un peu plus chaque jour à composer, non pas de la musique malheureusement, mais un personnage qui ne me sied pas, ne me plait point, mais il faut bien l'avouer n'étant pas masochiste, rend néanmoins la vie plus lisse, plus facile, si seulement ceci pouvait être un but en soi-même..!
Serait-ce donc enfin l'age adulte tant réclamé qui me guette..? Pour la première fois, fini les croisades, je baisse la garde. Au lieu d'essayer d'être le grain de sable, je serai la burette s'il le faut, pour la paix des ménages et méninges, même si cela ote par là-même une piste de relexion, même si le ton est monocorde et l'oeil bovin, qui donc s'en apercevra, au moins, nous serons d'accord...

Heureusement, il me reste cet endroit privilégié, ici, là, où je peux vaquer librement à mes humeurs et pensées, et duquel ceux que cela dérange, rend mal à l'aise, abîme ou indispose telle une odeur d'égout peuvent prendre leur cliques et leurs cloaques et déguerpir à tout moment, si tant est qu'il eurent un jour été cordialement invités.


Dans ces moments-là, je pense souvent à feu Maurice Pialat venant recevoir sa palme d'or pour Sous le soleil de satan et à son poing levé au milieu des sifflets: "Je ne vais pas faillir à ma réputation, si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus !".
Etant dans le même instant - bon c'est vrai ça commence à dater - à une période-charnière à laquelle on ne m'autorisait déjà point le droit à la différence, et où de plus je ne possédais aucunement les armes pour me défendre, j'avais été pris d'affection pour ce type à qui on ne laissait même pas la parole, ainsi chahuté et jugé par contumace, peut-être car je me sentais mutilé moi-même dans ma personne par la meute de mes contemporains.
Ainsi, au fil du temps, je me suis naturellement rapproché de quelques parias, solitaires, hérétiques, amputés, contestataires, quelques oiseaux blessés que leurs histoires particulières rendaient énigmatiques, et qui m'étaient d'une sonorité familière. Catalogué quelque part entre le faible, l'androgyne, le peureux, le chétif ou l'handicapé, il me fallut pour survivre aller puiser dans mes ressources la force de l'insoumission, extirper de mon être cacochyme la substantifique partie qui faisait certes de moi une personne différente, mais aussi capable d'exécuter des choses qui auraient fait trembler le plus costaud de l'école, celui qui pourrissait mes récréations, celui qui à l'heure qu'il est doit continuer de se mesurer la bite.
Bien loin de moi l'idée de faire pleurer dans les chaumières, cette nécessaire paranthèse n'a d'autre fonction que d'exprimer que le rôle qui m'échoit n'est pas un rôle de composition, mais un rôle vital, inéluctable, et que me goinfrer tous les films de Dewaere à la file en cette période était le seul moyen pour ne pas finir comme lui... Mais les temps changent...


En effet, j'ai décidé - cette fois je le jure - de cesser de m'échiner à expliquer vainement mon état psychologique, ou ce qu'il n'est pas - le comble ! - lassé de me défendre d'attaques perfides, violentes, humiliantes, masquées, hypocrites ou simplement malhonnêtes, n'ayant souvent pour naissance, essence et but seulement de rassurer leurs auteurs sur leur propre état, leur propres peurs, leurs propres douleurs, quand ceux-ci ne les nient pas... Je vais donc prendre des cours de Macaréna dès la semaine prochaine, idolâtrer la nature, les artistes subventionnés, l'airbag latéral et le sport d'équipe, histoire de régler ainsi ce que vous prenez pour contentieux, et nous pourrons alors pleinement glisser dans la félicité extatique...
Et pourtant je ne demandais pas la lune, soeur frigide, juste que l'on lise entre les lignes, le mot pour la phrase, la phrase pour la pensée, que l'on parte de bases acquises tacitement, qu'on ne nie pas mes aspérités, et qu'on ne les mette pas sur le compte d'une quelconque psychose, mais la diabolisation court plus vite que la rumeur même...

Si j'ai pu rechercher l'amour absolu, qui ne vaut que si l'on est prêt à donner sa vie, je n'ai jamais couru derrière l'amour universel, ni même celui du plus grand nombre, et ça tombe plutôt pas mal, je ne trouve déjà pas assez de mots, de temps et de courage pour offrir tout ce que je voudrais aux gens que j'aime. Je voudrais donc profiter de l'occasion qui m'est donnée, puisque je la prends, pour dire merci à tous ceux qui prennent plaisir à parcourir toutes ces digressions déraisonnables qui n'ont d'autre objectif, intêret et prétention que ce qu'elles sont, simplement, à ceux qui m'encouragent, s'inquiètent, m'écrivent, me motivent, me remercient même parfois, trouvent ici ne serait-ce qu'un peu de réconfort, de fraternité... Tout ceci est pour eux, pour vous, recevez ici toute ma gratitude, et quant aux autres, sachez que je ne vous aime pas non plus...


A Marcos

A la joie
A la beauté des rêves
A la mélancolie
A l'espoir qui nous tient
A la santé du feu
Et de la flamme
A ton étoile


(Noir Désir - A ton étoile - 666667 club - 1996)

vendredi 19 juin 2009

Une vie française

















Je songeais à tous les miens. En cet instant de doute, au moment où tant de choses dépendaient de moi, ils ne m'étaient d'aucune aide, d'aucun réconfort. Cela ne m'étonnait pas : la vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien.

(Jean-Paul Dubois - Une vie Française - L'Olivier - 2004)