jeudi 25 juin 2009

Aspérités...

L'époque étant apparemment entièrement vendue - même les cerveaux s'achètent et se lavent de plus en plus blanc ! - à la béatitude hagarde et ses frères d'armes que sont l'autopersuasion et le déni, et n'ayant pas encore trouvé le moyen de réparer cette foutue Doloréane, me voilà contraint un peu plus chaque jour à composer, non pas de la musique malheureusement, mais un personnage qui ne me sied pas, ne me plait point, mais il faut bien l'avouer n'étant pas masochiste, rend néanmoins la vie plus lisse, plus facile, si seulement ceci pouvait être un but en soi-même..!
Serait-ce donc enfin l'age adulte tant réclamé qui me guette..? Pour la première fois, fini les croisades, je baisse la garde. Au lieu d'essayer d'être le grain de sable, je serai la burette s'il le faut, pour la paix des ménages et méninges, même si cela ote par là-même une piste de relexion, même si le ton est monocorde et l'oeil bovin, qui donc s'en apercevra, au moins, nous serons d'accord...

Heureusement, il me reste cet endroit privilégié, ici, là, où je peux vaquer librement à mes humeurs et pensées, et duquel ceux que cela dérange, rend mal à l'aise, abîme ou indispose telle une odeur d'égout peuvent prendre leur cliques et leurs cloaques et déguerpir à tout moment, si tant est qu'il eurent un jour été cordialement invités.


Dans ces moments-là, je pense souvent à feu Maurice Pialat venant recevoir sa palme d'or pour Sous le soleil de satan et à son poing levé au milieu des sifflets: "Je ne vais pas faillir à ma réputation, si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus !".
Etant dans le même instant - bon c'est vrai ça commence à dater - à une période-charnière à laquelle on ne m'autorisait déjà point le droit à la différence, et où de plus je ne possédais aucunement les armes pour me défendre, j'avais été pris d'affection pour ce type à qui on ne laissait même pas la parole, ainsi chahuté et jugé par contumace, peut-être car je me sentais mutilé moi-même dans ma personne par la meute de mes contemporains.
Ainsi, au fil du temps, je me suis naturellement rapproché de quelques parias, solitaires, hérétiques, amputés, contestataires, quelques oiseaux blessés que leurs histoires particulières rendaient énigmatiques, et qui m'étaient d'une sonorité familière. Catalogué quelque part entre le faible, l'androgyne, le peureux, le chétif ou l'handicapé, il me fallut pour survivre aller puiser dans mes ressources la force de l'insoumission, extirper de mon être cacochyme la substantifique partie qui faisait certes de moi une personne différente, mais aussi capable d'exécuter des choses qui auraient fait trembler le plus costaud de l'école, celui qui pourrissait mes récréations, celui qui à l'heure qu'il est doit continuer de se mesurer la bite.
Bien loin de moi l'idée de faire pleurer dans les chaumières, cette nécessaire paranthèse n'a d'autre fonction que d'exprimer que le rôle qui m'échoit n'est pas un rôle de composition, mais un rôle vital, inéluctable, et que me goinfrer tous les films de Dewaere à la file en cette période était le seul moyen pour ne pas finir comme lui... Mais les temps changent...


En effet, j'ai décidé - cette fois je le jure - de cesser de m'échiner à expliquer vainement mon état psychologique, ou ce qu'il n'est pas - le comble ! - lassé de me défendre d'attaques perfides, violentes, humiliantes, masquées, hypocrites ou simplement malhonnêtes, n'ayant souvent pour naissance, essence et but seulement de rassurer leurs auteurs sur leur propre état, leur propres peurs, leurs propres douleurs, quand ceux-ci ne les nient pas... Je vais donc prendre des cours de Macaréna dès la semaine prochaine, idolâtrer la nature, les artistes subventionnés, l'airbag latéral et le sport d'équipe, histoire de régler ainsi ce que vous prenez pour contentieux, et nous pourrons alors pleinement glisser dans la félicité extatique...
Et pourtant je ne demandais pas la lune, soeur frigide, juste que l'on lise entre les lignes, le mot pour la phrase, la phrase pour la pensée, que l'on parte de bases acquises tacitement, qu'on ne nie pas mes aspérités, et qu'on ne les mette pas sur le compte d'une quelconque psychose, mais la diabolisation court plus vite que la rumeur même...

Si j'ai pu rechercher l'amour absolu, qui ne vaut que si l'on est prêt à donner sa vie, je n'ai jamais couru derrière l'amour universel, ni même celui du plus grand nombre, et ça tombe plutôt pas mal, je ne trouve déjà pas assez de mots, de temps et de courage pour offrir tout ce que je voudrais aux gens que j'aime. Je voudrais donc profiter de l'occasion qui m'est donnée, puisque je la prends, pour dire merci à tous ceux qui prennent plaisir à parcourir toutes ces digressions déraisonnables qui n'ont d'autre objectif, intêret et prétention que ce qu'elles sont, simplement, à ceux qui m'encouragent, s'inquiètent, m'écrivent, me motivent, me remercient même parfois, trouvent ici ne serait-ce qu'un peu de réconfort, de fraternité... Tout ceci est pour eux, pour vous, recevez ici toute ma gratitude, et quant aux autres, sachez que je ne vous aime pas non plus...


A Marcos

A la joie
A la beauté des rêves
A la mélancolie
A l'espoir qui nous tient
A la santé du feu
Et de la flamme
A ton étoile


(Noir Désir - A ton étoile - 666667 club - 1996)

4 commentaires:

Aude a dit…

Merci. C'est la première fois que j'ose te laisser un commentaire mais je passe là régulièrement.

Stan a dit…

Tous les commentaires sont les bienvenus, anonymes ou non, gentils ou méchants, justes ou non, je ne retire que les trucs trop privés pouvant exclure ou faire croire à un rétrécissement...
J'avais tant besoin d'un signe aujourd'hui...
Tu ne peux savoir à quel point c'est moi qui te remercie...

Aude a dit…

En fait, tes écrits me laissent le plus souvent sans voix, ou plutôt sans mots tant je les trouve justes.

Une nana que tu connais à peine ! a dit…

Quelle belle plume tu as là !! C'est beau de savoir si bien jouer avec les mots et tes maux ... J'adore ! Je m'en vais de ce pas parcourir le reste de "toi" ;o))