samedi 5 décembre 2015

Hiver et contre tout..!

Les mines sont renfrognées. Les sourires décatis. Il n'y a plus dans l'air cette légèreté et cette insouciance passagère à laquelle on a eu à peine le temps de s'habituer.
Est-ce le conflit au proche orient, la future guerre nucléaire russe ou les fusillades capitales qui pèsent sur les visages de mes contemporains..? Peut-être plutôt les difficultés à boucler les fins de mois qui ne vont point être améliorées par l'augmentation du timbre, du gaz et autres réjouissances..?
Vous êtes loin du compte, l'ennemi invisible est à nos portes, nos fenêtres, jusque dans nos lits, il arrive, c’est l'HIVER..!
Si seulement il avait un visage, on pourrait lui taillader, l'immoler ou le larder d'acide, malheureusement, comme tous les salauds, il avance masqué..!
Je n’ai jamais réussi à comprendre comment la météorologie pouvait jouer autant sur le moral et l’appétit de vivre de l’espèce humaine. Quel fieffé mécanisme interne peut bien ensevelir tout à coup
tout désir, toute passion, juste parce que la terre poursuit résolument son orbite autour du soleil…

En moi, il brûle un feu ardent, semblable aux premières buches qui enflammeront l’âtre le moment venu de la première allumette, que l’humanité semble vouloir repousser chaque jour grâce à son effet de serre, bardée d’un narquois sourire, en prévision du jour ou le marcel en résille sera la tenue réglementaire obligatoire.

Si tu regrettes la Tunisie et ses riads assommants, mais que tu te résous tout de même à supporter le climat tempéré faute de mieux, je ne peux lutter, mais viens tout de même à la maison, on jettera quelques pommes de terre dans la braise, en sirotant un grenache de derrière les fagots, calés au fond du rockin’chair. On se mettra un truc de circonstance, je sais pas moi, les mazurkas de Chopin, au hasard, et on parlera du bon vieux temps ou ces traitres de moustiques, malgré le ventilateur oscillant, venaient nous ponctionner leur décilitre quotidien…

Et surtout, ma chérie, va revenir le temps où nous nous blottirons l'un contre l'autre comme si nous voulions nous souder comme des parois de coffre-fort.

dimanche 1 novembre 2015

Quand tu...


j’aime quand tu mets ma veste
quand tu prends l’accent pointu
quand tu éminces un oignon
quand tu t’endors sans faire exprès
quand tu dis qu’un truc était trop bien
quand tu fais une marche arrière
quand tu as ton air surpris
quand tu me dis que ça va aller
quand tu ris avec tes narines
quand tu ris tout court
quand tu t’insurges
quand tu danses pour de faux
quand tu passes ta main dans mes cheveux
quand tu mets des épingles dans les tiens
quand tu suces ton pouce
quand tu dis que tu m’emmerdes
quand tu cours
quand tu me félicites
quand je me réveille et que je t’entends respirer calmement.

lundi 14 septembre 2015

Non mais quelle conne..!


Non mais sérieusement, la république n'a que ça a foutre en ce moment que de recevoir ce genre de plaintes..? Et ça étonne qui la relaxe, comment donc peut-on condamner ce fait insignifiant, sous quel chef d'accusation, divulgation de secret d'état ?

jeudi 10 septembre 2015

La césure...

Alors finalement, c'est bien cela dont il s'agit. Le monde se partagerait en deux: à ma gauche, sourire béat aux lèvres, regard tourné vers le futur, les optimistes..! A ma droite, mine renfrognée, larme à l’œil sur leurs pompes: les pessimistes..! Entendez ici si vous préférez: les gais et les tristes. Pourquoi être triste quand on peut être gai, hein, pas con, c'est tout de même plus joli pourrait ajouter ma voisine, qui sentant la mort s'approcher multiplie les pains cierges. Apparemment il n'y a pas à tergiverser, je suis classé de facto dans la deuxième catégorie. Allez savoir pourquoi, moi qui passe mon temps à me fendre la gueule et jouir de tout. Peut-être faudrait-il tendre encore un peu plus la joue.
De toute façon, levez une objection à la soupe au sourire et vous êtes foutus. Un conseil, penchez donc la tête vers votre assiette, continuez d'avaler les couleuvres, et les portes du paradis social vous seront ouvertes. Peu importe que l'on vous assène idées-reçues, fables, mythes, contre-vérités ou fausses informations, soumettez-vous dans la liesse, de toute manière tout dialogue est vain. Toute tentative d'essayer de sortir de cette case donne l'impression de se débattre, et non de débattre, pour vous y enfoncer un peu plus. La moindre objection fait de vous du moins un suspect, sinon le coupable idéal. A vous de prouver votre innocence. Reste à trouver de quoi diable pourrions-nous être coupables...
Je n'ai plus envie de combattre, car c'est bien cela dont il s'agit, grands pacifistes enturbannés de bons sentiments. Vous me demandez de m'extirper de ma paisible retraite pour vous rendre les armes. Vous oubliez juste que je n'avance ni armé, ni masqué. Si je veux un temps soit peu essayer de défendre ma position - position de fait mais non choisie je le rappelle - il va falloir que je donne de la voix, de la référence, de l'exemple, de l'emphase. Juste pour que vous m'écoutiez un peu. Ce qui vous permettra de coller définitivement votre étiquette malsaine sur mon front. Mon front triste.

LE FRONT DES RENONCEMENTS

Car si mon front est triste, c'est que vous ne pouvez pas sentir tous les papillons qui volètent dans ma poitrine. Primo, car vous ne m'avez pas laissé finir ma phrase. Donc vous n'avez aucune idée de la pensée que je comptais formuler. On ne me laisse jamais finir mes phrases, bordel..! Oui je sais, elles sont souvent longues. Parfois provocatrices, souvent douces, toujours sincères, dans le seul but d'essayer de participer à la construction d'une idée. Pas d'un dogme. Pas de ce que je voudrais que la réalité soit. Alors oui, elle a sûrement débuté par un constat pas très joisse, désolé mais ce n'est pas moi qui tire les ficelles, et à moins d'être dans un déni absolu, c'est vrai, il y a plein de trucs qui me remuent le bide et qui me font me dire qu'on est un peu au bout d'un truc bizarre. A vos mines déconfites on dirait que je viens de blasphémer, de casser cette superbe ambiance, de faire pleuvoir sur votre lumineuse tablée. Ne tentez pas d'inverser les jeux, m'avez-vous entendu professer, juger, punir..? Je n'ai pas d'avis final sur les choses, de cases dans lesquelles sceller les idées ad vitam æternam. Une certaine idée, pas une idée certaine. Il parait que l'on reproche souvent à autrui ses propres écarts, ses propres faiblesses. Et contrairement aux apparences, hors d'être les champions de l'argumentum ad hominem - planque tes fesses Michel - et du bouc émissaire, vous vous permettez des jugements définitifs, qui, s'ils étaient pris à votre encontre, déclencheraient un tollé général. Pourquoi? Parce que vous avez décidé que vous représentez le bien, me laissant le mal, et que le bien doit triompher du mal dans les histoires. A part que dans l'Histoire, on assiste plus souvent au contraire. Mais chut, rabat-joie, briseur de rêves, va..!

REDISTRIBUONS LES CARTES

Là où j'ai un avantage sur vous, c'est que je ne crois qu'au hasard et en la coïncidence. Aucune béquille. Enfin, quand je dis un avantage, j'avoue, ce n'est pas facile tous les jours, mais il n'y a qu'ainsi que l'on puisse véritablement libérer sa pensée. Quand on pense que rien n'est écrit, et qu'il n'y a pas de morale ou de raison à la vie ou à la nature, on fait des efforts. Comme les efforts que je fais pour contenir ma voix, afin qu'elle ne monte pas d'un cran, et que je reste audible, dépassionné, car la passion fait peur. Cette voix que j'étrangle, que je réfrène, c'est celle de l'injustice, et de l'effondrement devant le fait que vous mélangiez tout, tout le temps, c'est effarant: philosophie et religion, science et ésotérisme, mélancolie et tristesse, réalité et fantasme, lucidité et pessimisme. Polémique et engueulade..!


Comment cela? Je serais par principe pour la guerre, la mort, la pluie, la méchanceté, la veulerie..? Le noir, le sombre, le chaos, le dégueulasse seraient mon apanage..? Mais qu'ai-je donc de si humain qui vous fasse si peur..?  Qu'enfouissez-vous de vous même, que glissez-vous sous le tapis qui soit aussi insupportable, quelle face de votre pièce tentez-vous de noyer dans l'obscurité..? Il ne suffit pas d'être assis sur son fondement pour qu'il cicatrise. A moins que ce ne soit mes pieds pudiquement enfermés dans mes baskets qui vous permettent cette classification ontologique. Basket égale type pas cool, tong égale type cool. Basket égale industrie, sandale égale artisanat. Basket égale travailleur mineur asiatique, Birkenstock égale efficacité allemande. Rassurez-vous, je suis très bien dans mes baskets.
Vous avez beau vous réclamer de l'hindouisme, du bouddhisme ou de je ne sais quelle pitrerie, il plane dans cette vision manichéenne du monde un vieux relent judéo-chrétien indéfectible, comme une seconde peau cachée sous l'épiderme, un flambeau ancestral que l'on se refile par tradition. La tradition, plaie de l'humanité, qui amène les hommes à marcher tête basse dans la fiente de leurs ainés. La tradition est le cancer de la réflexion,  la métastase de la pensée.

NOUS ENTRERONS DANS LA CARRIÈRE
QUAND NOUS AURONS CASSÉ LA GUEULE A NOS AINÉS.

Soleil? Bien. Pluie? Pas bien. Paix? bien. Guerre? pas bien. Sourire? bien. Pleurer? pas bien. Pleurer de bonheur? Euh... merde, chef, c'est pas dans ma liste ça, c'est un peu antinomique, comment qu'on fait pour celle-là..?
Non, ce n'est pas une fixation, je ne parlerai pas encore de la pluie, trop facile, vous savez, l'eau, ce cadeau du ciel, ce liquide vital que par snobisme on se plait à traiter de tous les noms lorsqu'elle tombe des cieux depuis qu'elle coule d'un robinet de chacune de nos pièces, que l'on fait nos besoins dedans. Qu'il pleuve, oui mais pas samedi en huit, ça m'arrange pas, on risque de ne pas pouvoir manger dehors.!
Voilà bien la preuve que l'homme est faible, je craque, je digresse, et j'oublie d'en venir au fait.

IL M'EST ODIEUX DE SUIVRE AUTANT QUE DE GUIDER

Alors, je la joue cool. Je parle doucement, je pose des questions. Je laisse les divagations et errances emplir le champ, adieu vital esprit nietzschéen, le Gai savoir a depuis longtemps laissé une place trop vacante dans les rayons de nos officines, voilà qu'ils croulent depuis deux bonnes décennies sous les livres miracles et les solutions instantanées. Et encore je vous mets de côté le pan religieux. Car si l'on pourrait voir naïvement dans cette multiplicité de publications alléchantes un espoir, du genre à imaginer que l'homme s'occupe de lui, se questionne, se renseigne, excusez mon pessimisme regard circonspect, j'ai plutôt l'impression que cette feignasse de bipède surévalué surévolué pense que là aussi il n'y a qu'à appuyer sur un bouton pour être servi. Le pied non..? Mangez tel légume et vous n'aurez pas de cancer, trois boule de sucre et adieu la grippe, jeûnez sans déjeuner, comment à 60 ans j'en parais 58, et surtout, reboostez votre égo..! Non, vous n'êtes pas une merde, c'est la société de consommation qui vous pervertit, achetez mon livre et je vous dévoilerai comment..!
Mais le miracle est en chacun de soi, si toutefois on veut bien se donner la peine d'infliger à la paresse une défaite cuisante. Brel aimait à répéter que la bêtise était de la paresse, je crois que je commence à peine à comprendre la profondeur de cette simple phrase.


Là où Nietzsche propose une éducation précédée d'une introspection philosophique, se scrute et se méfie de lui-même, sans esprit prévenu, et développe sa personnalité grâce à un itinéraire intellectuel qui laisse libre cours à l'improvisation et aux expériences nouvelles, l'homme moderne cherche la solution miracle, la boite d'épinards de Popeye, l'électrostimulation tout en bouffant des chips dans son canapé, le téléviseur qui pense pour soi, la manne providentielle du trader débutant sur internet, le complot contre les solutions naturelles si simples et faciles, et surtout quelqu'un à qui attribuer la cause de ses échecs, sur qui rejeter la faute de son inconséquence.
Mais les épinards contiennent moins de fer que les haricots, la petite cuillère dans la bouteille de champ' n’empêche pas les bulles de s'exiler, et il ne nait pas plus d'enfants les jours de pleine lune.
Et sans vouloir bien sûr être pessimiste, vu dans quel état est notre jolie société et l'homme qui y cohabite, je vois mal comment la perversité prendrait fin et que cet homme se replacerait dans une position sage et philosophique. Cela manque un peu de magie. L'avenir est malheureusement
au maitre Reiki.
La magie, je préfère la voir dans la beauté des mots, et m'y réfugier.

Pareil aux animaux sylvestres et marins,
J’aime à me perdre un temps,
À m’accroupir, en quelque labyrinthe charmant,
Enfin, de loin, à me rappeler peu à peu au logis,
Pour revenir à moi et moi-même me séduire.

Je vous en supplie. Continuez à sourire comme des suspects. A ne jamais être d'accord avec moi. Car quand rarement ça arrive, j'ai l’impression que je me suis trompé.

PS : Ah oui, j'oubliais, de la lune on ne voit pas la muraille de chine. Ou alors c'est que vous êtes capables de voir un cheveu à treize kilomètres.


jeudi 27 août 2015

C'est la rentrée..!


Oui, je le sens, je le vois à vos visages déconfits, on tire ou pointe sans le même engouement, les enfants étrennent et trainent leurs cartables, on a rangé les pédalos... mais la bonne nouvelle, si vous n'avez pas eu le temps de lire sur la plage ou comme moi que vous détestez avoir du sable dans la raie - de votre livre - c'est que le bouquin du Pharmachien est toujours disponible. Ne vous arrêtez pas à ce rose poisseux et tournez donc les pages de ce magnifique ouvrage d'Olivier Bernard, pharmacien de son état - le Canada - qui amène une bonne vague d'air frais sur tout ce qui concerne de près ou de loin la santé. Iconoclaste, drôle, vraiment instructif - et je suis pas payé par les labos pour le dire - qu'est-ce que ça fait du bien de lire autre chose que des affirmations infondées, des mythes ancestraux et des conseils abêtissants sans aucun fondement..! Plus je connais ce type, plus je pense qu'il doit être détesté, et plus j'ai de l'affection pour lui, il me ferait presque supporter l'accent kébàkois..! En dehors de ses décryptages sur les médecines parallèles comme on dit, douces comme ils disent, sur lesquelles je savais déjà pas mal de choses, une approche vraiment intelligente et saine sur des sujets comme le stress ou la dépression qui peut faire beaucoup de bien à beaucoup de gens...
Découvert sur son site lepharmachien.com sur lequel il aborde plein de sujets différents selon ses humeurs, j'attends avec impatience la sortie du tome 2.
Allez Olivier, Brasse la cage pour tous ces cerveaux maganés, écrapoutis les idées-reçues, vaut mieux se chicaner que se pogner les nerfs..!

lundi 4 mai 2015

divine mélancolie...






Un jour, peut-être, tu partiras, lassée de mon épiderme ou mon pointillisme. Je boirai trop, et j'écrirai des poèmes qui glissent entre la peau et l'os. Je t'aurai perdu à tout jamais, mais j'aurai toujours la mélancolie avec moi comme compagne éternelle. Elle n'est pas aussi belle que toi mais se défend bien.
Il pourra bien alors pleuvoir dans ma tête, mes phrases résonneront dans le vide des meubles en un claquement sec et précis, pour me faire comprendre que je suis toujours sur la bonne route.

vendredi 17 avril 2015

la pluie...

Il pleut.
Pardon, il fait un temps pourri. Au cas où vous seriez passés au travers des gouttes, la pluie est dans la case pas bien. Elle fait l'unanimité. C'est rare de nos jours.
C'est chiant la pluie. On ne peut même pas dire que c'est la faute des arabes. Et surtout pas de dieu. Bon, en même temps, toute cette eau vitale sert au moins à remplir le creux des conversations... Trois semaines que l'on a pas vu une goutte, que la terre se craquèle et appelle au secours, mais la pluie c'est jamais bien, ça arrive jamais au bon moment, ça mouille, ça vient gâcher la fête, ça éteint le barbecue et du coup la vie elle est pas belle et bleue comme sur une carte postale comme on envoie du Touquet. Oups, pardon, ça c'est dans le nord (case pas bien), comme on envoie de Saint Tropez plutôt.


Maman, je crois que je suis pas normal. Je sais pas si c'est de voir la tête qu'ils font comme s'ils allaient mourir, mais moi la pluie ça me fait des trucs dans le ventre. Ah bien sûr je vais pas te dire que j'aime quand il pleut une semaine, je suis pas fou, mais bon, un peu comme là, ça me change du mistral. Je sais pas si c'est d'être né dans le pot de chambre de la Normandie comme disent les gens qui veulent faire qu'ils en connaissent un paquet sur les choses, qui fait que je crains pas trop l'humidité. C'est sûr, ça réveille un peu la mélancolie. C'est peut-être pour ça aussi que j'aime bien.  Ça donne envie d'écrire, de chanter, de marcher sous les gouttières en méprisant le rhume, de crier des trucs à une fille qu'on aime en secret et qu'on regarde disparaitre au loin sous les larmes du ciel. Ça donne du courage. Maman, s'il te plait, fais que jamais les hommes puissent décider du temps qu'il fait.



Aujourd'hui est un jour particulier. Je remonte au studio, en jachère depuis plusieurs mois. Tenter d'écrire des chansons. Reprendre le fil. Vivre. Je me sens un peu excité par ce défi, par ces accouchements difficiles et dont on ne sait jamais si la source est tarie, enfermé avec mon petit moi, à essayer de ne pas trop intellectualiser tout ça. Un peu seul aussi. Mais la pluie est avec moi...

Ça y est, je crois que je suis en train d'assembler les pièces du puzzle. Et de comprendre ce truc intestinal qui me lie à la Maison Tellier. D'avoir la clé pour pénétrer me mettre au chaud à l'intérieur. Ce n'est pas de venir du même coin, quoi de plus hasardeux et insignifiant dit ainsi. Je crois juste que cette cloche grise sous laquelle j'ai grandi, cette couverture commune, cet épais manteau bruineux me donne un accès privilégié à cette joyeuse mélancolie qui permet de cracher les mots les plus alanguissants avec le sourire. Envoyez les trompettes..! Tu as raison Helmut, ce n'est pas triste, c'est beau...!!

mardi 10 mars 2015

Cafard...




Charb, je pensais que tu me manquerais gravement chaque mercredi.
Je me suis trompé. Tu me manques chaque jour.

mercredi 18 février 2015

Une époque formidable...

Mon fils est né.
Ce que j'ai le plus entendu, mis à part les félicitations traditionnelles - auxquelles je ne comprends d'ailleurs toujours rien : quoi de plus à la portée de tout le monde, de plus courant, de plus archaïque que la reproduction ? - est qu'il est né dans une période difficile.
Au premier abord, et suite aux évènements arrivés à une bande de gauchistes saltimbanques branleurs dessinateurs et chroniqueurs chevelus ou mal rasés, il m'eut été presque naturel d'opiner du chef par simple réflexe, mais, vous connaissez mon goût pour la contestation, je ne pus m'en remettre à une extrémité si consensuelle.
Déjà, parce que je ne suis pas sûr qu'on fut mieux sous l'occupation (quoique certains semblent regretter cette époque...) ou pendant la pandémie de peste bubonique, voire celle de la grippe espagnole, ou encore à souquer ferme sur une galère maltaise.
Ce à quoi vous me rétorquerez qu'à choisir vous prendriez plutôt le temps béni des colonies, des trente glorieuses, de la femme au foyer, enfin bref, l'époque où l'on avait encore des valeurs mon bon monsieur..!
Ces valeurs, cette prospérité, vos nostalgies, foutez-vous en jusque là, je vous les laisse... et par pitié, ne venez pas me demander de choisir entre la corde et la cigüe.

LA LIBERTÉ OU LA MORT ?

Alors oui, nous vivons une période trouble, pleine d'incertitudes, mais je préfère mille doutes à une seule fausse vérité inaltérable. Et vous voulez même que je vous dise, je l'aime cette période de tous les possibles, cette odeur de fin du monde qui n'avance plus masquée, cette sensation de vide abyssal, parce que c'est dans ces moments et non dans la liesse que je me dis que nous pourrions peut-être trouver en nous la force et les moyens de nous tirer vers le meilleur, de sortir de nous-même, d'extirper de nos êtres ce que nous avons de mieux.

Si j'essaie de mettre de côté l'assassinat de mes amis de Charlie - bon, d'accord, c'est pas facile - nous vivons actuellement une période au goût acidulé ou la cécité semble lâcher prise.
La religion montre son vrai visage, celui de la haine, de la violence, de l'exaction, de l'extermination de toute apostasie comme appelé dans leurs soit-disant livres de paix.
S'il faut se soumettre, alors je préfère largement la mort. Si seulement je croyais à l'au-delà, je pourrais en consolation avoir la perspective de me retrouver au comptoir de l'enfer avec Charb, Dewaere et Gainsbourg, c'est où qu'on signe..? De plus, la vie serait plus simple. Fini le flip de se sentir une boule de hasard, de l'infiniment grand, du néant, enfin une réponse à chaque question..! Répondre finalement lassé de tout par l’acquiescement à ceux qui voudraient que je me prosterne, m'agenouille, me découvre, me déchausse, m'interdise de boire, de manger, de jouir..! Finalement, Trouver la chevelure d'une femme obscène me tirerait de bien des tracas..!
Votre foi est-elle si fragile qu'elle puisse être ébranlée par mon hédonisme..? Est-ce que je viens, moi juger, amputer, circoncire vos palabres et prédications sectaires et vos appels à la haine de l'impie dans vos temples sacrés, que nous finançons tous en plus, pendant que vos ouailles crèvent de faim dans les rues..? Au nom de quoi vous permettez-vous de me dire ce qui est bien et mal, après des siècles de cruautés en tout genre menés par vos piétés aveugles..?
Lâchez mon bras, je n'ai pas besoin de tuteur, de béquille pour apprendre à marcher droit, jamais vos imprécations ne viendront souiller le vestibule de mes minots, ni votre eau funeste frapper leur front, aux barbaries féodales je préfère les Lumières.

CROITRE INDÉFINIMENT MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ?

Encore mieux, ce fameux monde où il faut faire ses dix pour cent de plus chaque année s'écroule tout seul comme un pantin, comme un château de carte victime d'un toussotement, d'un courant d'air, malgré les sacrifices des populations et les rafistolages impudiques à coup de milliards, après des décennies ou remettre en question le moindre de ses fondements vous faisait passer pour un puéril anarchiste, un feignant utopiste et attirait sur votre carcasse fielleuse caricatures et moqueries condescendantes. Allez donc bosser le dimanche, revenez aux quarante heures, cinquante même, faites des heures sup, tirez la couverture à vous, dans un pays ou un quart des actifs n'a pas de boulot, gavez-vous comme des oies malades, c'est le siècle du surmoi, de l'impudeur, profitez..! Désolé, ne comptez pas sur moi, traitez-moi de feignant, de parasite, d'inconscient qui est en retard sur le monde, je serai au square avec mes mômes...
On ne peut croitre indéfiniment. Cette phrase tellement simple, compréhensible pour un enfant de sept ans, celle-là même qui faisait pouffer il y a vingt piges, commence à raisonner dans les crânes d’œufs de ces eunuques certifiés conformes par leurs grandes écoles.
La seule école valable, c'est la rue. Le terrain. Bouffer du gravier. La pratique qui met à terre toute théorie.
Traîner dans son cartable la connerie de ses ainés, comme un dogme, une doctrine infaillible, sans jamais rien remettre en question c'est prendre le risque de sentir l'odeur de poudre qui traine partout ces temps-ci. C'est une autre forme de religion.

D'aucuns fustigent un monde qu'ils ne comprennent plus, qu'ils voudraient voir changer, en fait plutôt retrouver leurs schémas d'antan, sans bousculer aucune de leurs habitudes. Quoi de plus angoissant que la majestueuse statue d’airain vacillant sur son socle..? Cette période est peut-être une période charnière, et tant mieux.

JE SUIS LE BRUIT ET LA FUREUR LE TUMULTE ET LE FRACAS

Mon fils est né le jour de la victoire de Siryza. Loin de moi la naïveté de penser que le monde en tournera mieux, mais ça fait du bien de souffler un peu sur la poussière. Je veux y voir une petite lumière au fond du tunnel, l'appel de quelque chose de beau, du commencement d'un bout de truc.
Je ne veux plus penser à Charb, sans visage, mitraillé à bout portant pour délit de génie, et me tourmenter d'avoir été assez inconscient pour jeter à nouveau dans cette grande mélasse un petit être qui me le reprochera parfois. J'essaierai de me le persuader que la vie vaut le coup d'être vécue, que la vie est belle comme sa maman, et que cette histoire va bien finir. A nous d'en décider.



vendredi 9 janvier 2015

Charlie



Je n'ai pas envie de parler de cela.
Je n'ai plus d'humour, de dérision, d'appétit, de volonté.
Je me sens seul, abandonné, orphelin.
Pétri de haine, seulement habité du désir de vengeance.
Alors comme je n'aime pas sentir cette bête féroce en moi, je vais attendre que ça passe.
Il faudra bien du temps.