mercredi 14 mars 2007

L'U.S.L.

Non, il ne s'agit pas d'une organisation secrète, d'un parti politique, d'un sigle pétrochimique ou bien d'une entreprise du Cac40. Il s'agit au mieux d'une boutade, d'une belle farce, d'un pied de nez aux bien-pensants, aux assis, aux abonnés du politiquement correct.


L'U.S.L., c'est l'Union du Steak Libre. Un rendez-vous entre vieux potes dans un bled du Vaucluse, tous les vendredis midi, disons de midi à quinze heures, et plus pour ceux qui ont la chance de ne pas retourner au turbin. C'est une fenêtre ouverte sur tous les possibles.
La recette? Un bon gros steak par personne, bien saignant, frais du jour (ben ouais, c'est vendredi!), un gros saladier de frites croustillantes et dorées, tout ça avec un bon gros pot de moutarde familial, un bon pain de campagne, quelques litres de vin rouge, des rires et des blagues limite, on se lâche, on dit du mal, on rigole encore, on est là, vivant, et au diable les analyses médicales, les curetons ou ayatollah, au diable les bonnes manières, les ennuis quotidiens, ici, l'esprit Hara-kiri est de mise. Reiser et Coluche ne sont jamais bien loin.



On ouvre un bon vieux calendos, le créateur de l'USL le flaire en disant : "ça me rappelle une femme que j'ai beaucoup aimé...", on la connaît par coeur mais on se marre quand même, à chaque fois.
La cheminée fume l'hiver, l'été on est au frais, on mange sous les regards complices des trois éternels de la célèbre photographie de Leloir : Brel, Ferré, Brassens. Trône aussi dans la pièce un mythique tableau ou des moutons tombent par millier d’une falaise. Un seul d’entre eux remonte le troupeau à contre-courant en s’excusant.






Biquet se remet de son cancer, enchaînant humour noir et critiques économiques; Jacques, le doyen, toujours l'oeil luisant, alterne colères mémorables et larmichettes en réponse aux histoires qui le touchent toujours profondément; Jean-Marc, le créateur, toujours la répartie fumante, s'inquiète de l'avenir de ses petits-enfants; ensuite, après le noyau dur, il y a les habitués, Pascal, toujours bon camarade, François, dit "Grand corps malade", le Caz, parfois de passage, voir même Fredo ou autres...







Ci-contre : Le doyen de l'USL embrassé par un intermittent du vendredi pour l'avoir écouté et compris dans sa détresse passagère. Nous ne pouvons malheureusement pas voir les visages émus de ces deux acolytes pour protéger leur anonymat.




Ni dogme, ni tradition, l'U.S.L. est, dans ses statuts, pour la boutade, interdit aux femmes par principe. Cela vient du fait qu'à sa création, les potes se retrouvaient sans leurs conjointes toutes les semaines pour se lâcher un peu. Évidemment, il existe des dérogations, car les Uselistes aiment trop les femmes pour être misogynes...

Ici, tout est permis. Fusent brèves de comptoir, philosophie profonde, peurs, doutes, questionnements, blagues plus ou moins douteuses, espoirs, projets utopiques, rêves d'enfant... Il y en a toujours un pour attraper la guitare et pousser la chansonnette.
En fait, c'est une brèche ouverte sur la poésie et le temps suspendu, une ode à l'amitié et à l'inaltérable optimisme forcené, un subtil mélange de vices et de vertus contre la morosité ambiante.

1 commentaire:

sydgin a dit…

Anonymat mon cul! J'l'avais zappé de mes souvenirs ce midi là!
Superbe ton article... on s'y retrouve et ça fait 'hach'ment plaisir !
Un petit bijou en pied de nez dans son écrin du plus beau prétexte : s'enfiler un steak le vendredi! Les morceaux sont de choix, de ceux que les bouchers réservent aux amateurs : araignée, gîte à la noix, faux-filet, poire, merlan, rond-de-tranche ou mouvant.. la poésie est partout, jusque sous les frites !