vendredi 12 octobre 2007

La Bible, la vraie..!

















Elle vient fraîchement d'intégrer mon logis, en remplacement d'une vieille édition élimée...
Ici, pas de versets, préceptes et autres commandements...
Juste un concentré explosif, le livre référence, la base indispensable, le ciment de nos bâtisses...


Spéciale dédicace à l'ami Magyd...


Petit j'étais largué on dit ici "à Lourdes"
Dans ce que l'on appelle une famille lourde
L'amour y était le contraire du doute
La tête collée contre le poêle à mazout
Rêveur et j'ose même dire dans le coton
A attendre qu'on me dessine un mouton
Mouton je l'étais jusque dans la tonsure
Mais les Brushings font pas dans la littérature
Et la main de ma mère était là en cas de doute
Comme un parapluie qui te protège des gouttes
De pluie et j'ose même dire du mauvais temps
On avait rien on était content

Avant qu'on me dise dégage Et qu'on ne me parle plus au présent
Avant qu'on déchire mes pages Et qu'on me dise "place et au suivant"

Petit j'étais gentil j'étais même agréable
J'écrivais les deux coudes posés sur la table
J'ôtais de ma bouche les insanités
Comme un petit prince de l'humanité
Rêveur je cédais ma place aux personnes âgées
Pour un sourire une poignée de dragées
J'enlevais ma casquette en entrant à l'école
Mais être poli ça dispense pas des colles
Gentil et tout à la fois dernier de la classe
Eveillé comme pouvait l'être une limace
Je dormais j'ose même le dire si profond
Et que s'écroule le plafond

Car j'attendais petit prince des gloutons
Qu'on me porte à la bouche des paquets de bonbons
Y avait pas la monnaie mais c'était tout comme
Car le baiser remplaçait l'économe
Rêveur et malgré les corvées de charbon
Ma récompense était un bisou à l'horizon
Mais dépassé le siècle où on te met au couvent
J'étais si nul ma mêre a pris les devants
Et se pointait à l'école un chiffon dans la chevelure
La maîtresse disait "regardez ces ratures!"
Le coeur en miettes elle faisait parler l'eau et le sel
Et s'en retournait à sa vaisselle

A dix-huit heures se pointait le maçon
Un seul regard et à l'heure des cuissons
Y disait "vous voulez qu'on nous coupe les bourses?"
A ces mots une larme descend de la grande ourse
Et j'ai compris qu'il y avait qu'une façon
D'apprendre l'art de la multiplication
Depuis j'ai plus voulu ressembler aux statues
Et j'ai laissé mes potes à la salle de muscu
Ma mère m'a jeté un bouquin sur la table
Un gros machin qui rentrait pas dans mon cartable
C'est tous ces mots qui ont allumé la lumière
Et spéciale dédicace au Petit Robert


(Zebda - Le Petit Robert - Essence ordinaire - 1998)






Pas en vivant avec son chien, le deuxième album de Magyd Cherfi, est sorti en mai, avec des illustations de Manu Larcenet

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Perso, je prefere les gros Roberts...

Stan a dit…

Un peu de finesse dans un monde de brutes...