dimanche 11 novembre 2012

Un dimanche...

Tu vois, dimanche, j'avais tout un tas de trucs à faire, plus ou moins urgents, plus ou moins plaisants, enfin tout un tas de trucs que je pensais nécessaires au bon fonctionnement de mon petit monde. Que j'aurais pu barrer de la liste punaisée dans ma caboche, histoire d'essayer de siphonner un peu tout le bordel qui m'inonde.
Les huissiers demeurent à distance, la cheminée fume, le buffet est mieux garni, et même si je suis loin de pouvoir compter sur un futur solide, j'arrive presque à voir le mois prochain se profiler, ce qui est une amélioration notable. J'ai considérablement diminué ma consommation éthylique, qui est proche du ridicule et laisse présager un sérieux manque à gagner pour la viticulture, et mes cigarettes ne sont plus assez nombreuses et goudronnées pour tapisser admirablement ma cage pulmonaire. Ma mère est ravie.
A contrario, je dors toujours aussi mal, mais je m’accommode à cela. Il y a bien longtemps que j'ai renoncé à une paix intérieure qui me permettrait de me couper des nuisances de l'humanité. Et puis je me rassure en me disant que c'est le matin que je suis le plus efficace. L'efficacité. C'est bien, il parait.

Indra s'en fout. Indra est morte. Comme ça, dans la nuit, sans faire de bruit. Elle avait encore tout plein de projets à réaliser. Elle m'en avait parlé lors de ce que nous pourrons maintenant appeler notre dernier entretien téléphonique, ponctué par son rire particulier, hérité de son papa. Elle riait beaucoup. Surtout quand je lui racontais mes mésaventures et les rebondissements spectaculaires de ma vie amoureuse. Elle n'aura pas eu le temps de te rencontrer. Elle est morte comme ça. Comme on a pas le droit de mourir. Comme c'est injuste et dégueulasse. Son papa ne rira plus. Et il y a des gens qui croient encore en dieu...

Alors dimanche, j'ai changé d'avis. Je n'ai rien fait. Rien qui ne soit productif, sérieux, lucratif, nécessaire, indispensable, prudent, calculé. Je ne voulais pas crever comme ça sans faire de bruit, sans avoir lu le dernier Nicolas Rey, sans t'avoir regardé cuisiner avec sur la langue l'arôme réglisse du grenache, sans avoir avancé sur mon album mégalo, sans avoir balayé le désert, sans avoir singé Brel devant ma glace, sans avoir rasé ces cheveux blancs qui gagnent du terrain chaque jour, sans avoir essayé de pisser contre le vent, sans avoir tenté, râté, retenté, hurlé, pleuré, détruit, reconstruit, agrafé, dégrafé, imaginé, contemplé, joui, sans avoir écrit ce post de plus sur ce blog nombriliste inutile, sans m'être senti vraiment vivant bordel, vivant..!

Demain, la vie reprendra son cours. Chaque chose à sa place. Tentons sans toutefois trop nous abîmer de ne pas être trop prudents. Marchons sur le fil. Ne vivons pas comme si nous étions immortels.



1 commentaire:

Stan a dit…

(c)Yvan Magnani - Aquarelle - 2011